18 septembre 2024
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Impact du bloc Serratus lors de la thymectomie robot-assistée : une étude avec score de propension

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Les tumeurs thymiques peuvent être malignes ou bénignes, et peuvent nécessiter une exérèse chirurgicale pour des pathologies néoplasiques ou auto-immunes telles que la myasthénie. Les approches traditionnelles, comme la sternotomie médiane, sont remplacées par des techniques mini-invasives comme la VATS ou la RATS, réduisant les complications postopératoires. Le bloc serratus, un bloc analgésique récent, a prouvé son efficacité en chirurgie thoracique, mais son utilisation spécifique pour la thymectomie robotique reste peu étudiée. L'objectif de notre étude était d'évaluer l'impact du bloc serratus par rapport à l'absence d'anesthésie locorégionale dans la thymectomie robot assistée.

Matériel et méthodes

Nous avons réalisé une rétrospective avec score de propension. L’objectif principal était d’évaluer l’impact du bloc serratus sur la consommation de morphine postopératoire entre un groupe de patients ayant bénéficié d’un bloc serratus et un groupe de patients n'en ayant pas bénéficié après une thymectomie robot-assistée. Le critère de jugement principal était la consommation de morphine cumulée à 24 heures postopératoires. Les critères de jugements secondaires étaient le recours à la titration morphinique en SSPI, la consommation de morphine cumulée et la douleur postopératoire en fonction du temps

Résultats & Discussion

Quatre-vingt-neuf patients ont été inclus dans l’étude, 68 avaient bénéficié d’une ALR par bloc serratus et 21 n’avaient pas eu d’ALR. Nous n’avons pas retrouvé de différence significative concernant la consommation moyenne cumulée de morphine à H24 de la chirurgie entre les 2 groupes (groupe serratus = 40,8 ±16,5 mg vs. groupe sans ALR 35,7 ±22,8 mg, p= 0,26). Nous n’avons pas retrouvé de différences significatives concernant la titration en morphine en SSPI entre le groupe serratus (27%) et le groupe sans ALR (14%) (p=0,37), ni sur les scores de douleur à H0 (p=0,33), H3 (p=0,8), H6 (p=0,8), H12 (p=0,86) et H24 (p=0,98), la consommation cumulée de morphine H3 (p=0,09), H6 (p=0,11), H12 (p=0,14) et H48 (p=0,33) [JS2] [GL3] et le recours à la morphine dans les 48 heures postopératoires (Serratus 54% vs absence d’ALR 43%, p=0,45).

Conclusion

Notre étude ne retrouve pas de différence significative concernant la consommation de morphine postopératoire ni sur la douleur postopératoire entre un groupe ayant bénéficié d’un bloc serratus et un groupe n’ayant pas bénéficié d’ALR. Cette absence de différence peut s’expliquer par l’installation différente du patient sur la table d’opération. En effet, pour une thymectomie robotique, le patient est sur le dos, avec un billot pour surélever le côté opéré de 20-30° et un bras à 90° par rapport à l’axe du corps permettant une meilleure ouverture de l’espace intercostal et donc un moindre traumatisme lors de l’insertion des trocarts. L’espace intercostal est donc beaucoup plus important que pour une lobectomie pulmonaire et pourrait limiter ainsi le traumatisme direct des trocarts robotiques sur les nerfs intercostaux.

Auteurs

G.L. Langlois (1), J.S. Selim (2), J.M. Baste (3), C. Vincent (1), T. Clavier (1), E. Besnier (1), M.M. Dusseaux (1), Z. Djerada (4)

Orateur(s)

Gautier LANGLOIS  (Rouen)