18 septembre 2024
Arlequin

Connaissances, attitudes et pratiques des soignant·es en France face au prélèvement et au don d’organes et de tissus sur personnes décédées : la région francilienne comparée aux autres régions françaises

Position du problème et objectif(s) de l’étude

En France, l’opposition au don est la principale raison de non prélèvement d’organes et de tissus sur personne décédée. Malgré la création des coordinations hospitalières de prélève-ment d’organes et de tissus, la mise en place de plans ministériels et l’aide des différents acteurs et actrices impliqué·es dans la chaine du don, l’opposition au don ne faiblit pas et s’élève à 33% en 2022. Actuellement, les principaux arguments invoqués retrouvés dans les enquêtes d’opinion pour expliquer l’opposition au don sont des raisons religieuses ou culturelles, la conviction de ne pas être éligible pour des raisons de santé personnelles ou bien l’intention de vouloir conserver l’intégrité de son corps. Cette opposition n’est cependant pas uniforme dans tout le pays, la région Île-De-France se démarquant particulièrement des autres régions avec une opposition marquée à 43% en 2022.

Matériel et méthodes

Nous avons réalisé une étude visant à connaître la position, la connaissance, les attitudes et les pratiques du personnel soignant français vis-à-vis du don d’organes en étudiant les différences entre l’Île-De-France et les autres régions françaises, grâce au recueil de 18 324 enquêtes « connaissances, attitudes et pratiques » réalisées via le programme Cristal Action de l’Agence de la Biomédecine.

Résultats & Discussion

Nous avons mis en évidence une favorabilité au don d’organes en France à 90,2% chez les soignant·es travaillant dans 174 centres français. La région Île-De-France a un personnel soignant plus opposé ou indécis au don d’organes que les autres régions et ce de manière significative (14% vs 8,5%, p<0,001). Par ailleurs, alors que 83% du personnel soignant français se dit favorable au don de leurs propres organes, ce taux est significativement moindre en Île-De-France comparé aux autres régions françaises (77% vs 84,8%, p<0,001). En ce qui concerne l’état des connaissances des soignant·es, cette étude a mis en exergue un personnel soignant francilien moins certain que la mort cérébrale correspond au décès comparativement au personnel soignant non francilien (p<0,0051). La moindre ancienneté du personnel soignant francilien (p<0,001) pourrait expliquer en partie cette disparité entre l’Île-De-France et les autres régions.Enfin, il s’avère que l’accès aux formations sur le prélèvement d’organes et de tissus semble insuffisant.
On peut expliquer cette disparité interrégionale de plusieurs manières, soit en considérant qu’il existe un manque de sensibilisation du personnel soignant francilien qui a une moindre expérience professionnelle et a donc été moins confronté au don d’organes, mais aussi car les soignant·es francilien·nes sont un reflet de la population générale francilienne plus opposée au don en France. Il est notable que dans notre étude le personnel soignant francilien refuse de donner plus souvent pour des raisons religieuses ou croyances personnelles. Enfin, la profession d’aide-soignant·e est sceptique dans notre étude quant au don ou à la définition de la mort encéphalique, plus fortement en Île-De-France que dans les autres régions (p<0,01).

Conclusion

Former au don d’organes tous les membres des équipes prenant en charge des donneur·ses pourrait être un levier pour diminuer le taux d’opposition au don en Ile-De-France. Avoir un aide-soignant référent PMO dans chaque service pourrait améliorer les connaissances de l'ensemble des aide-soignant·es pour accompagner les proches qui s'interrogent sur le don d’organes et de tissus. Cette idée est actuellement étudiée par l'ABM.

Auteurs

A.B. Bramly (1), R. Bronchard (1), M. Lamraoui (2), K. Bernard (2)

Orateur(s)

Audrey BRAMLY  (Paris)