18 septembre 2024
351

État des lieux des pratiques anesthésiques lors de la réalisation d’une endoscopie digestive en France

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Environ 3,5 millions d’endoscopies digestives hautes ou basses sont réalisées chaque année en France chez l’adulte. Plus de la moitié de ces actes sont effectués sous anesthésie générale avec conservation de la ventilation spontanée (AG-VS). Ces endoscopies peuvent être réalisées selon différents protocoles anesthésiques, chacun ayant ses avantages et inconvénients. Aucune recommandation sur les bonnes pratiques de l’anesthésie pour l’endoscopie digestive n’est disponible à l’heure actuelle. L’objectif de notre travail était d’établir un état des lieux des pratiques professionnelles lors des AG-VS dans le cadre de l’endoscopie digestive (urgences et CPRE exclues).

Matériel et méthodes

Pour établir cet état des lieux des pratiques professionnelles, un questionnaire incluant 18 items sur la structure, l’organisation, le monitorage, les drogues d’anesthésie utilisées et le ressenti des professionnels au cours d’une endoscopie digestive a été établi. La majorité des questions étaient fermées ou à choix multiples. Ce questionnaire a été diffusé à l’aide de Google Forms© par différents canaux (SFAR, directions des soins de différents hôpitaux (Ile de France et régions), et via les réseaux sociaux). Il était anonyme et à destination des médecins anesthésistes et infirmiers anesthésistes déclarant réaliser des endoscopies digestives. Les données sont exprimées en % (n).

Résultats & Discussion

Entre le 8 novembre 2023 et le 24 février 2024, 670 réponses au questionnaire ont été reçues. Les réponses provenaient de 201 médecins anesthésistes et 469 infirmiers anesthésistes, travaillant dans une structure publique dans 61,8% (414) des cas. Les endoscopies étaient réalisées au bloc opératoire pour 64% (429) des répondants et à l’aide d’une feuille informatisée pour 52,1% (349) d’entre eux. Pour 25,2% (169), le monitorage conventionnel était associé à un monitorage de l’EtCO2 systématiquement. Plus d’1/3 des répondants (240) disaient ne pas pouvoir monitorer l’EtCO2 en l’absence de matériel et 18% (120) recouraient à un monitorage “artisanal“. Le propofol était systématiquement utilisé pour l’anesthésie. En bolus itératifs pour 61,2% (410) ou en sédation à objectif de concentration (SIVOC) pour 38,2% (256) des répondants. Le propofol était associé à un autre hypnotique (Kétamine/Midazolam) ou à un analgésique (Lidocaïne, Alfentanil ou Sufentanil) dans 26% (174) des cas. Soixante-huit des répondants (10,2%) se sentaient rarement ou jamais en sécurité lors de la réalisation d’AG-VS pour une endoscopie digestive.

Conclusion

Notre étude met en évidence une hétérogénéité des pratiques anesthésiques lors des endoscopies digestives. Le lieu de réalisation, le monitorage (en particulier l’EtCO2), les produits d’anesthésie sont variables. Dans 1 cas sur 10, le professionnel d’anesthésie en endoscopie ne se sent pas en sécurité lors d’une endoscopie. La rédaction de protocoles ou de référentiels de pratiques professionnelles doit être envisagée pour cet acte d’anesthésie très fréquent en France.

Auteurs

Benjamin BERJAT (1), Sabine GODET (1) , Éric LEVESQUE (2), Hawa KEITA MEYER (3) - (1)École Iade, Ap-Hp, France, (2)Service D’anesthésie-Réanimation, Hôpital Trousseau, Chru, France, (3)Service D’anesthésie-Réanimation Pédiatrique Et Obstétricale, Hôpital Necker, Aphp, France

Orateur(s)

Sabine GODET  (Paris)