18 septembre 2024
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Durée du 1er stade du travail obstétrical sous analgésie péridurale déambulatoire versus classique dans une maternité de type III

Position du problème et objectif(s) de l’étude

La douleur de l’accouchement  représente une des expériences les plus douloureuses vécue par une femme au cours de sa vie. Une prise en charge optimale de cette douleur au cours des différents stades du travail est nécessaire pour limiter ses potentiels retentissements psychologiques et émotionnels en post partum. La technique d’analgésie la plus utilisée en France est l’analgésie péridurale (APD) (1), avec un taux de satisfaction maternelle de l’ordre de 90% (2). L’APD déambulatoire (APDD) suscite un intérêt grandissant chez les femmes désireuses d’un accouchement plus « physiologique ». L’objectif principal de cette étude était d’évaluer la durée du 1er stade du travail obstétrical (dilatation du col de l’utérus de 0 à 10 cm) selon la réalisation d’une APDD ou d’une APD classique (APDC).

Matériel et méthodes

Étude observationnelle prospective au sein d’une maternité de type III réalisant 3300 accouchements/an. Étude enregistrée dans le « Registre général des traitements de l’APHP » N° 20240130180456. Inclusion de toutes les patientes majeures ayant une APDC ou une APDD pour un accouchement voie basse sur une période de 14 jours consécutifs. Protocole d’APDC en vigueur : lévobupivacaïne 0,625 mg/ml + sufentanil 0,25 mg/ml + clonidine 1,5 μg/ml en mode PIEB. Protocole APDD identique mais précédé par  une injection intra thécale de Sufentanil 3 mg dans le cadre d’une péri-rachi combinée. Critère principal de jugement (CPJ) :  durée du 1er stade du travail. Critères de jugement secondaires (CJS): douleur ressentie aux différents stades du travail (échelle numérique (EN) : 0-10), durée totale du travail obstétrical, score de satisfaction (EN 0-10) et le souhait ou pas d’avoir à nouveau la même technique d’analgésie.Méthodes statistiques adaptées aux variables analysées par test de Student, Kruskal Wallis ou test exact de Fisher. Seuil significativité fixé à p < 0,05.

Résultats & Discussion

Initialement, 36 parturientes ont été incluses : 32 dans le groupe APDC et 4 dans le groupe APDD. Au vu du petit échantillon dans le groupe APDD, nous avons procéder à l’ajout d’une cohorte rétrospective de 28 parturientes ayant bénéficié d’une APDD entre juin et décembre 2023, afin d’améliorer l’exhaustivité des données et répondre à l’objectif principal.<br /> Aucune différence n’a été retrouvée pour la durée médiane du 1er stade du travail: 554 minutes (270-730) versus 574 minutes (403-697), p=0,29, respectivement pour le groupe APDC et APDD. Pas de différence significative entre les deux groupes sur les CJS (Tableau 1). La satisfaction des parturientes était élevée dans les deux groupes, respectivement 82% pour le groupe APDC et 100% pour le groupe APDD (p=1). Les femmes ne souhaitant pas réitérer le choix de l’APDC mettaient en avant l’envie d’un accouchement plus « physiologique »

Conclusion

Cette étude n’a pas montré de différence sur la durée du 1er stade du travail selon la réalisation d’une APDC ou d’une APDD, contrairement aux données de la littérature (3). Un manque de puissance de notre étude ne peut toutefois pas être exclu. Si le niveau de satisfaction des parturientes était élevé quel que soit le type d’APD réalisée, près de 20% des parturientes du groupe APDC ne souhaitent pas avoir la même technique d’analgésie pour un futur accouchement dans l’optique d’un accouchement plus « physiologique ». L’APDD semble mieux répondre à cette attente.

Auteurs

Pauline WEISHAR (1) , Aissata BA (1), Myriam BREBION (2), Hawa KEITA-MEYER (2) - (1)Ecole Iade Aphp, France, (2)Service Anesthésie-Réanimation Pédiatrique Et Obstétricale, Hôpital Necker, Ap-Hp, France

Orateur(s)

Pauline WEISHAR  (Paris)