18 septembre 2024
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Impact environnemental de l’anesthésie générale « Évaluation des pratiques professionnelles pour le débit de gaz frais utilisé lors des anesthésies générales avec sévoflurane en pédiatrie"

Position du problème et objectif(s) de l’étude

En 2022, la Société Française d’Anesthésie et de Réanimation a émis des recommandations pour réduire l’impact environnemental de l’anesthésie générale (AG) et notamment celui des agents halogénés (1). L’anesthésie inhalatoire par sévoflurane (SÉVO) est couramment utilisée pour l’induction et l’entretien de l’AG en pédiatrie. Parmi les principaux leviers pour diminuer l’impact environnemental lié à l’utilisation des gaz anesthésiques, l’optimisation du débit de gaz frais (DGF) a été mis en avant (1). L’exposition des professionnels aux gaz halogénés peut aussi être responsable de symptômes neurocomportementaux (2). L’objectif principal de cette étude était d’évaluer les pratiques professionnelles (EPP) pour les DGF lors de l’AG au SEVO en pédiatrie et son objectif secondaire, d’évaluer l’impact clinique sur les professionnels d’anesthésie.

Matériel et méthodes

Étude prospective observationnelle à type d’EPP, menée du 14 au 27/11/23, dans un CHU. Étude enregistrée dans le « Registre général des traitements de l’APHP » N° 20240130175146. Inclusion des AG avec induction inhalatoire +/- entretien au SÉVO et/ou AG avec induction intraveineuse (IV) et entretien au SÉVO. Non inclusion : AG par IV totale ou anesthésie IV à objectif de concentration (AIVOC), anesthésie locorégionale seule, âge >18 ans. Critère de jugement principal (CJP) : écarts entre DGF induction et DGFentretien et les DGF maximum (max) qui seront recommandés après l’audit (tableau 1).  Critère de jugement secondaire (CJS) : lien entre la durée cumulée quotidienne d’exposition au SEVO et la présence de symptômes à type de nausées, vomissements, céphalées, asthénie, somnolence ou vertige chez les professionnels (médecins anesthésistes-réanimateurs (MAR), internes et infirmiers anesthésistes diplômés d’état (IADE)). Analyse statistique par test Mann-Whitney. Seuil de significativité fixé à p < 0,05.

Résultats & Discussion

103 cas d’AG ont été observés. Les 0-3 ans représentaient 33% de la population, les 3-10 ans, 38% et les 10-18 ans 29%. Pour toutes les catégories de poids, les réglages des DGF induction et DGFentretien étaient supérieurs aux DGF max recommandés (tableau 1). L’EPP a mis en évidence une sous-utilisation du mode pause débit (44%) entre la fin de l’induction et la pose de l’interface ventilatoire et un faible recours au BIS (2%). Pour l’impact de l’exposition au SÉVO, 55 professionnels ont été inclus, répartis équitablement entre MAR, internes et IADE. 34,5% des professionnels déclarent au moins un symptôme et 5,5% présentent 2 symptômes : céphalées (23,6%), asthénie (5,5%), vertiges (3,6%) et somnolence (1,8%), sans relation significative avec la durée d’exposition lors de l’induction au SÉVO (tableau 1).

Conclusion

Ce travail a permis d’identifier des axes d’amélioration des pratiques lors de l’AG au SÉVO dans notre centre, à savoir : respect d’un protocole de DGF max à l’induction adapté au poids de l’enfant, utilisation systématique du mode « pause débit » avant la pose de l’interface ventilatoire, entretien en réel circuit fermé (0,6 à 0,8L/min) et recours plus large au BIS chaque fois que possible. L’ensemble de ces mesures devraient permettre de diminuer les consommations de SÉVO ainsi que l’exposition des professionnels. Un nouvel audit à un an sera nécessaire pour évaluer la mise en œuvre de ces axes d’amélioration et leur impact.

Auteurs

Benjamin BERJAT (1) , Cindy LEBRUN (1), Myriam BREBION (2), Hawa KEITA-MEYER (2) - (1)École Iade, Aphp, France, (2)Département D'anesthésie-Réanimation Pédiatrique Et Obstétricale, Hôpital Necker Enfants Malades-Aphp, France

Orateur(s)

Benjamin BERJAT  (Paris)