18 septembre 2024
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L'enregistrement audio visuel au bloc opératoire

Position du problème et objectif(s) de l’étude

L’enregistrement audio-visuel en salle d’intervention est présent dans plusieurs pays. Cette technologie est décrite comme vertueuse (amélioration de la formation, des performances médicales et de la sécurité des soins). Cependant, son implémentation soulève des questions éthiques et de sécurité. En France, il n’existe pas de données concernant l’opinion des professionnels et des patients sur cette technologie. L’objectif de cette étude est d’identifier les freins et leviers à la mise en place de l’enregistrement audio-visuel au bloc opératoire.

Matériel et méthodes

Une étude observationnelle, prospective et multicentrique a été réalisée entre septembre 2022 et avril 2024. Deux questionnaires numériques (GoogleForm®) ont été diffusés : Un questionnaire en 14 questions à l’attention des professionnels de l’anesthésie diffusé par le biais de la Société Française d’Anesthésie et Réanimation (SFAR). Un questionnaire en 16 questions à l’attention des patients, diffusé via les associations « France association » et « le Lien ». Les données recueillies étaient d’ordres sociodémographiques, d’opinion sur les risques, bénéfices et conditions d’implémentation du dispositif. Les données sont présentées en effectifs et pourcentages pour les variables catégorielles. Le seuil de significativité est à 5%. L’analyse statistique a été réalisée avec le logiciel SAS v9.4.

Résultats & Discussion

Le questionnaire diffusé par la SFAR a été rempli par 378 professionnels en anesthésie, dont 28,3% (n=107) d’infirmiers anesthésistes. Parmi les répondants, 58,7% (n=222) avaient une expérience de plus de 10 ans, 65,1% (n=246) exerçaient dans le secteur public et 43,9% (n=166) ne connaissaient pas l’enregistrement audiovisuel au bloc opératoire. Les bénéfices perçus étaient d’ordre pédagogiques (P=.01), de sécurisation des prises en charge (P=.001) ou d’amélioration de la visibilité des conditions de travail (P=.008). Les risques de violations du secret professionnel (P=.031) et de perte de liberté de pratique (P=.009) étaient au cœur des préoccupations des professionnels et semblaient inévitables pour 61,5% (n=233). Les répondants exprimaient 62,7% (n=237) d’opinion défavorable à l’idée de travailler dans un bloc opératoire équipé de cette technologie.<br />   Le questionnaire adressé aux patients recueillait 132 réponses, dont 64,4 % (n=85) de femmes, 83,3 % (n=110) de plus de 51 ans et 35,6% (n=47) ayant subi au moins une complication au décours d’un acte chirurgical. Les bénéfices perçus étaient d’ordre juridique pour 77,3 % (n=102) (P=.013) et l’amélioration de l’attention portée aux patients 68,2% (n=90) (P.248). Si 72% (n=95) des répondants envisagent cette technologie comme une facteur d’amélioration global de leur prise en charge, seuls 49,2% (n=65) choisiraient l’établissement de soin en fonction de la présence de cette technologie. Le taux d’opinion favorable à l’enregistrement audiovisuel pour les patients est de 84,4% (n=112). La comparaison des opinions est présentée dans la Figure 1.

Conclusion

Ces questionnaires, premiers sur le sujet en France, ont permis la collection de données inédites. Les préoccupations et les attentes en lien avec cette technologie diffèrent pour les patients et les professionnels. Ceci devra être pris en considération pour un développement de l’enregistrement audiovisuel au bloc opératoire. Afin de compléter ces données, une étude nationale auprès des chirurgiens et Infirmier(e)s de bloc opératoire est en cours.

Auteurs

Come SLOSSE, Florian MANNEVILLE, Timothée KLEIN, Paul ROTHIOT, Nicolas SCHLIENGER, Victoria GAMMELLA, Amandine LUC, Hervé BOUAZIZ - (1)Chru Nancy, France

Orateur(s)

Timothée KLEIN  (Nancy)