18 septembre 2024
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Influence d'une sensibilisation à la mise en place d'un cockpit silencieux sur l'intensité sonore en phase de réveil anesthésique au bloc opératoire

Position du problème et objectif(s) de l’étude

L’anesthésie et l’aéronautique sont deux domaines souvent comparés. En aviation, pour limiter la survenue d’évènements indésirables, le concept de « cockpit stérile » a été développé (1). Il s’agit d’exclure lors de certaines phases (décollage, atterrissage) toute activité et conversation non essentielle et ainsi favoriser la pleine concentration de l’équipage.  Sur ce principe, nous avons créé une procédure de « cockpit silencieux » applicable à la phase de réveil anesthésique.  Il nous a paru pertinent de nous intéresser à la phase de réveil anesthésique, qui nécessite un niveau de sécurité élevé (2), et qui reste pourtant bruyante (3) et peu étudiée jusqu’à présent. L’induction anesthésique est en général plus silencieuse avec les équipes conscientes de l’enjeu. Notre hypothèse est la suivante : une sensibilisation des équipes de bloc opératoire à l’utilisation d’une procédure de cockpit silencieux, pendant la phase critique du réveil anesthésique, permettrait de diminuer l’intensité sonore et d’améliorer le stress et le confort du personnel d’anesthésie.

Matériel et méthodes

L’étude mise en place a été quasi-expérimentale, de type avant-après, prospective, comparative et monocentrique. Le recueil de données a été effectué sur une période de 3 mois. L’objectif principal a été de comparer les intensités sonores en dB(A), enregistrées par sonomètre au bloc opératoire pendant le réveil anesthésique du patient, avant et après sensibilisation à l’utilisation du cockpit silencieux. La campagne de sensibilisation a été constituée d’interventions en présentiel auprès des personnels de bloc, avec rappel des risques liés au bruit et présentation de la procédure de cockpit silencieux, distribution de flyers, envoi de mails et affichage de la procédure dans les salles de bloc opératoire.  Les objectifs secondaires ont été de comparer les niveaux de stress et de confort sonores de l’équipe d’anesthésie (EVA Stress et EVA Confort), les durées de phase de réveil, ainsi que l’adhésion de l’équipe à la procédure.

Résultats & Discussion

La phase de recueil s’achève tout juste : 19 réveils ont été enregistrés sur la période avant sensibilisation et 19 autres en condition de cockpit silencieux sur la période après sensibilisation. L’analyse des résultats et le calcul des p values sont en cours. Les premiers résultats semblent montrer une différence d’intensité sonore moyenne de 1,25 dB(A) entre les 2 périodes (avant = 61,59 avec écart-type 2,20 dB(A) ; après sensibilisation = 60,34 ± 1,81 dB(A)). Rq : 1 dB(A) est le plus faible intervalle entre 2 intensités sonores détectable par l’oreille humaine (4). L’EVA stress moyenne semble s’améliorer sur la phase après (EVA avant = 28 ± 22mm ; après = 9 ± 14mm), idem pour l’EVA confort moyenne (EVA avant = 68 ± 24mm ; après = 87 ± 14mm). Le cockpit silencieux ne semble pas rallonger la durée de la phase de réveil puisqu’en moyenne celle-ci est inférieure lorsqu’il est mis en place : durée (en min:s) sans cockpit = 14:26 ± 4:26 ; avec cockpit = 12:13 ± 5:30. Enfin, la majorité des personnels interrogés considère le concept du cockpit silencieux intéressant, facile à mettre en œuvre, et pensent le conserver dans leur pratique.

Conclusion

Une mesure simple comme le cockpit silencieux semble diminuer l’intensité sonore et améliorer le stress et le confort du personnel, sans augmenter la durée de la phase de réveil anesthésique. Par extension cette mesure pourrait être facilement applicable à la phase d’induction.

Auteurs

Marie SCHELL, Aurélie MAZAN, Justine BARBEZIEUX, Pauline HANIQUE, Jules GRÈZE, Fabienne NÈGRE - (1)Chu Grenoble-Alpes, France

Orateur(s)

Pauline HANIQUE  (Grenoble)