17 septembre 2025
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Le mode d’exercice modifie-t-il la perception du rôle de l’Anesthésiste-Réanimateur dans l’organisation de la Médecine PériOpératoire ?

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Depuis plusieurs années, notre spécialité a modifié son nom pour considérer la Médecine Péri-Opératoire (MPO) comme une priorité (1).  Cette nouvelle orientation nationale est pertinente pour compléter l’ambition de notre spécialité pour accompagner au mieux le parcours du patient opéré et diminuer la morbi-mortalité post-opératoire.  Dans ce travail, notre hypothèse est que le mode d’exercice (privé versus public) intervient dans la perception du rôle de l’Anesthésiste-Réanimateur pour l’organisation de la MPO.

Matériel et méthodes

Notre questionnaire en ligne (Google Forms, 31 questions), a été diffusé à tous les Médecins Anesthésistes-Réanimateurs (MAR) entre Novembre 2024 et Janvier 2025 par les réseaux sociaux de la SFAR et du CNP ARMPO. Nous avons analysé les réponses en séparant les MAR selon leur mode d’activité (privé pour établissement libéral et ESPIC, public pour CH et CHU). Les analyses statistiques ont été réalisées avec le logiciel R, version 4.5.0.

Résultats & Discussion

Au total, 540 réponses ont été analysées (35 % secteur privé, 65 % secteur public). La majorité des répondants (99 %) considéraient que la MPO débute en pré-opératoire, et 90 % qu’elle intègre la prise en charge en USC/USIP. Un projet de MPO était engagé chez 59,4% des répondants : 35,8 % déclaraient avoir un programme de MPO déjà en place (37,3% dans le secteur privé versus 35,1% dans le secteur public, p = 0,68) et 23,6% envisageaient un projet de MPO dans les 5 ans. La gestion post-opératoire était statistiquement différente entre les deux secteurs (p < 0,001) : 45% des MAR du privé réalisaient une visite systématique de tous les patients entre J1 et J2 (vs. 14% dans le public), 32% une visite ciblée de certains patients (vs. 35%), 10% une visite sur appel des infirmiers (vs. 8,6%) et 3,7% sur appel du médecin (vs. 19%). En revanche, la prise en charge post-opératoire était gérée par les chirurgiens exclusivement dans 7,4% des cas (vs. 16,9% dans le secteur public) ou par un médecin de salle dans 1,1% des cas (vs. 3,4%). Concernant les freins identifiés au développement de la MPO (Figure 1), les principales barrières perçues étaient l’absence de valorisation pour le privé et le manque de médecins pour le public.

Conclusion

Si la MPO est unanimement reconnue comme un enjeu central, sa mise en œuvre et le rôle des MAR dans son organisation diffèrent selon le mode d’exercice. Une meilleure structuration institutionnelle et une reconnaissance plus explicite des missions péri-opératoires pourraient favoriser un engagement plus homogène.

Auteurs

Arnaud DELEHAYE (1) , Alice JACQUENS (1), Vincent DEGOS (1), Sigismond LASOCKI (2) - (1)Département D’anesthésie-Réanimation, Groupe Pitié-Salpêtrière, Aphp Sorbonne Université, Paris, France, (2)Département D’anesthésie-Réanimation, Chu Angers, Angers, France

Orateur(s)

Arnaud DELEHAYE  (Paris)