17 septembre 2025
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Acceptabilité de l'intelligence artificielle par le personnel paramédical en réanimation

Position du problème et objectif(s) de l’étude

L’intelligence artificielle (IA) bouleverse les pratiques médicales, notamment en anesthésie-réanimation, par le biais de technologies innovantes allant des outils d’aide à la décision à la personnalisation des traitements(1). En Europe le déploiement de l’IA est encadré, garantissant un respect des normes de sécurités(2). Si plusieurs études ont exploré l’acceptabilité de ces outils du point de vue médical(3), les ressentis du personnel paramédical demeurent peu documentés. Cette enquête vise à évaluer la perception et les attentes des infirmiers diplômés d’État (IDE) et des aides-soignants (AS) vis-à-vis de l’IA, afin d’envisager une intégration éthique et efficiente dans leur quotidien professionnel.

Matériel et méthodes

Nous avons conduit une étude observationnelle descriptive, transversale et anonyme auprès du personnel paramédical (IDE et AS) exerçant dans un hôpital universitaire. Un questionnaire a été diffusé par lien électronique (Google Forms) entre le 1er janvier et le 27 février 2025. Il comprenait des données sociodémographiques, l’exposition et l’utilisation de l’IA générative, le ressenti vis-à-vis de l’IA en général et en médecine (échelle numérique de 0 à 10), ainsi qu’une priorisation des domaines médicaux jugés pertinents. Les données ont été analysées globalement, puis comparées selon la profession. Les variables quantitatives sont présentées sous forme de moyennes ± écart-type, et comparées à l’aide du test de Student. Les variables qualitatives sont exprimées en effectifs et pourcentages, et comparées à l’aide du test du chi² ou du test exact de Fisher selon les effectifs. Un seuil de significativité de p < 0,05 a été retenu.

Résultats & Discussion

Parmi les 85 personnes sollicitées, 58 ont répondu (taux de réponse : 68 %), dont 47 IDE et 11 AS. L'âge moyen était de 38 ans (±11), avec 12 années d’expérience professionnelle (±11). Les aides-soignants avaient significativement moins participé à des formations diplômantes récentes (0 % vs 36 %, p = 0,02). Une majorité (76 %) connaissait les logiciels d’IA générative, et 45 % les avaient déjà utilisés. Le ressenti vis-à-vis de l’IA était évalué à 6(±2)/10, aussi bien de manière générale qu’en médecine. Les aides-soignants exprimaient un ressenti légèrement plus négatif que les IDE vis-à-vis de l’IA en médecine (respectivement 4(±2) versus 6(±3), p = 0,09), sans différence statistiquement significative. Le domaine le plus souvent cité pour le développement de l’IA en médecine était la sécurité médicamenteuse (52 %)(Fig 1). Cette étude met en évidence une bonne connaissance de l’IA par le personnel paramédical, ainsi qu’une acceptabilité globalement favorable, bien que teintée de prudence, notamment chez les AS. Cela renforce l’importance de l’implication de comités éthiques dans sa mise en place. Parmi les biais identifiés figurent le caractère monocentrique de l’étude, menée dans un hôpital universitaire, ainsi qu’un effectif global limité, en particulier pour le sous-groupe des aides-soignants. Toutefois, le taux de réponse élevé au sein d’une population rarement étudiée rend ces résultats originaux et pertinents. Le souhait exprimé d’un développement de l’IA dans les domaines de la sécurité et de la formation reflète une attente d’outils concrets, au service de la qualité des soins et du travail en équipe.

Conclusion

Ces résultats encouragent une démarche participative et pédagogique pour accompagner l’introduction de l’IA en milieu hospitalier, en tenant compte des spécificités des différents corps professionnels.

Auteurs

Damien BLANC, Christopher LONG, Gary DUCLOS, Charlotte ARBELOT, Emanuelle HAMMAD, Pierre MORA, Laurent ZIELESKIEWICZ, Delphine GAILLARD, Marc LEONE - (1)Réanimation Polyvalente Hôpital Nord Aphm, Marseille, France

Orateur(s)

Damien BLANC  (Marseille)