Intérêt des aides cognitives lors d’une crise simulée au bloc opératoire : essai randomisé
Position du problème et objectif(s) de l’étude
L'arrêt cardiaque peropératoire demeure un défi critique. Bien que des interventions rapides soient essentielles, le rôle des compétences non techniques est de plus en plus reconnu. Les aides cognitives, telles que les check-lists, peuvent améliorer la performance de l'équipe et les résultats dans cet environnement sous haute pression. Des études récentes en simulation haute fidélité en anesthésie et en soins critiques soulignent de plus en plus la valeur des aides cognitives dans l’optimisation de la gestion des crises.
Cette étude évalue l’impact des aides cognitives sur la gestion d’un arrêt cardiaque peropératoire simulé chez des résidents en anesthésie.
Matériel et méthodes
Il s’agissait d’un essai contrôlé randomisé incluant tous les étudiants de troisième année en anesthésie-réanimation à l’UPSAT durant l’année universitaire 2023-2024 (N = 63). Les étudiants ont été répartis aléatoirement en un groupe intervention avec aides cognitives (Groupe I, N = 30) et un groupe contrôle sans aide (Groupe C, N = 33). Tous les participants ont réalisé un scénario de simulation d’arrêt cardiaque peropératoire.
Le critère de jugement principal était le nombre d’étapes omises ou oubliées durant la prise en charge. Les critères secondaires principaux étaient le score des compétences techniques (évalué sur une échelle de 1 à 18) et le score des compétences non techniques (ANTS), évaluant le travail en équipe, la conscience situationnelle et la prise de décision.
Résultats & Discussion
Cette étude a montré que la prise en charge d’un arrêt cardiaque nécessitait environ 22 étapes. Le nombre d’étapes omises était significativement plus élevé dans le groupe C par rapport au groupe I (10 ± 1 vs. 8 ± 2,04 ; p = 0,0023). Le score moyen des compétences techniques était significativement plus élevé dans le groupe I que dans le groupe C (62 % ± 9 % vs. 52 % ± 8 % ; p = 0,02). Des différences statistiquement significatives ont été observées entre les groupes concernant le travail en équipe (p < 0,001), la conscience situationnelle (p = 0,007) et le score total ANTS (p < 0,002).
Conclusion
Lors de la simulation en haute fidélité, les participants ont démontré une amélioration des compétences techniques et non techniques lorsqu’ils utilisaient des aides cognitives (AC) pour la gestion d’un arrêt cardiaque. L’utilisation des AC a été largement acceptée et jugée facile d’utilisation. Ces résultats suggèrent que les aides cognitives peuvent être un outil précieux pour améliorer la prise en charge de l’arrêt cardiaque.
Auteurs
Salma MELAYAH (1), Ilhem HOUICHI (1), Ghazi KARMI (1) , Samar DAHMANE (2), Mouna BELAID (1), Rami GHARBI (1), Walid NAIJA (1) - (1)Service D'anesthésie Réanimation Chu Sahloul Sousse, Sousse, Tunisie, (2)Ecole Supérieure Des Sciences Et Techniques De La Santé De Monastir, Monastir, Tunisie