17 septembre 2025
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Implémentation du debriefing à chaud en réanimation à l’aide d’un programme interprofessionnel de simulation in situ : étude contrôlée avant/après sur l’incidence du burn-out

Position du problème et objectif(s) de l’étude

L’incidence du burn-out sévère parmi les soignants dépasse 40 % en réanimation. Il y a très peu de données sur les interventions institutionnelles susceptibles de réduire cette souffrance. Le débriefing de toutes les situations critiques est préconisé mais rarement mis en œuvre de manière systématique. Notre objectif était d’évaluer l’effet sur l’incidence du burn-out sévère, d’un protocole de débriefing à chaud après chaque situation critique, implémenté à l’aide d’un programme interprofessionnel de simulation haute-fidélité in situ.

Matériel et méthodes

L’étude, bicentrique, contrôlée, avant-après intervention pédagogique (CERAR - IRB 00010254 - 2022 - 135), a inclus les médecins, infirmiers, aides-soignants de 2 réanimations chirurgicales d’un CHU adossé à un centre de simulation universitaire. Dans la réanimation A, les médecins ont été formés au débriefing (théorie, vidéo, exercices). Puis un entraînement à la gestion de situations critique sur SimMan3G (3 scénarios, 38 équipes, 133 soignants, 203 participations) s’est déroulé sur 6 jours. Le débriefing, assuré par les médecins préalablement formés, était suivi d’un débriefing par un expert. Il n’y a pas eu d’intervention dans la réanimation B. Les soignants des 2 réanimations A (groupe debrief, n = 54) et B (groupe contrôle, n = 40) ont renseigné avant et 6 mois après l’intervention pédagogique, le Malasch Burn-out inventory (MBI), le Job content Questionnaire (JCQ), le General self-efficacy scale, le score d’anxiété (STAI-Y TRAIT) et une échelle numérique de stress.  Le nombre de débriefing à chaud a été recensé dans les deux réanimations, et une traçabilité des modalités de débriefing a été menée dans la réanimation A. Les données sont exprimées en médiane (25 – 75%) ou proportions. Les facteurs de risque de burn-out sévère après l’étude ont été analysés par régression logistique.

Résultats & Discussion

Dans les 6 mois suivant l’intervention pédagogique, 52,7% des soignants du groupe débrief versus 14,6% du groupe contrôle ont participé à un débriefing à chaud (p < 0,001). Dans la réanimation A, 44 débriefing à chaud (dont 29,5% entre minuit et 8 h) ont été réalisés en équipe complète dans 59,1% des cas, avec 5 (4 - 7) soignants, dans un délai de 60 (30 - 150) min; 76,9% des arrêts cardiaques ont été suivis d’un débriefing. L’incidence du Burn-out sévère avant (9,3% groupe débrief, 7,5% groupe contrôle) et après (1,8% groupe débrief, 10% groupe contrôle), n’était pas différente. Mais le MBI global (p = 0,0424) et la composante accomplissement personnel (p = 0,0126) a augmenté à 6 mois pour les infirmiers du groupe débrief (ANOVA pour mesure répétée). La proportion d’infirmières avec un accomplissement personnel fort, a augmenté après l’étude dans le groupe debrief group (96,9% versus 59.4%, p = 0.003) et restée stable dans le groupe contrôle (85,7% versus 95,2%, ns). Après l’étude, le seul facteur de burn-out sévère était le MBI avant l’étude (p = 0.0041).

Conclusion

La simulation in situ est une méthode efficiente pour favoriser le débriefing à chaud après les situations critiques en réanimation. Un effet sur la souffrance au travail de l’ensemble de l’équipe n’a pu être mis en évidence, compte-tenu d’un manque de puissance en lien avec une incidence initiale de burn-out sévère faible. Toutefois, un effet favorable sur l’accomplissement personnel des infirmier(e)s encourage sa diffusion au sein des autres unités de soins critiques.

Auteurs

Paul PALARDY, Donatien HUARD, Nicolas GRILLOT, Pierre-Joachim MAHÉ, Karim LAKHAL, Corinne LEJUS-BOURDEAU - (1)Chu Nantes, Nantes, France

Orateur(s)

Paul PALARDY  (Nantes)