19 septembre 2025
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Évaluation de l’intérêt d’une prophylaxie antiépileptique lors d’une neurochirurgie supratentorielle avec craniotomie : étude observationnelle, rétrospective, avant-après un changement de protocole de soins

Position du problème et objectif(s) de l’étude

La survenue d’une crise comitiale, aux répercussions majeures pour les patients, est reconnue comme favorisée par une intervention neurochirurgicale. La prophylaxie antiépileptique a ainsi été longtemps systématique pour les chirurgies intracrâniennes sus-tentorielles. En 2021, des recommandations européennes affirment l’absence de bénéfice à l’utilisation systématique d’antiépileptique pour les patients atteints de tumeurs cérébrales primaires ou métastatiques n'ayant jamais eu de crise. L’objectif de cette étude est d’évaluer les conséquences de l’arrêt de la prophylaxie antiépileptique systématique lors d’une intervention neurochirurgicale avec craniotomie sur l’incidence des crises comitiales et les complications postopératoires.

Matériel et méthodes

Il s’agit d’une étude rétrospective, observationnelle, avant-après un changement de protocole de soins. Le critère principal compare l’incidence des crises d’épilepsie avant et après l’arrêt de la prophylaxie dans les chirurgies sus-tentorielles depuis 2021. Les critères secondaires sont de comparer le devenir neurologique des patients à 1 mois, 3 mois et 6 mois suivant la prise ou non d’une prophylaxie antiépileptique. Ils consistent également à rechercher les facteurs favorisant des crises d’épilepsie post-craniotomie. Le type de prophylaxie prescrite, sa posologie, sa durée et ses éventuels effets secondaires sont également analysés. L’étude a reçu l’autorisation du comité éthique sous la référence B2022CE.28.

Résultats & Discussion

Depuis la parution des nouvelles recommandations, il n’a pas été constatée d’augmentation significative de l’incidence de l’épilepsie post-craniotomie. En effet, nous avons identifié 7.5 % de crises d’épilepsie de novo postopératoires dans le groupe « avant » contre 2.9 % de crises dans le groupe « après » ces nouvelles recommandations (p = 0,107). Les effets secondaires de la prophylaxie étaient rares (1,5%, p = 0,283). Le devenir neurologique à un mois postopératoire n’était pas modifié par le nouveau protocole de soins, avec une autonomie (p = 0,743) et un mode de vie (p = 0,460) comparables entre les deux groupes. Les patients ayant présenté une crise comitiale étaient plus fréquemment pris en charge pour une exérèse de métastase (p = 0,051) et avaient bénéficié d’une intervention plus longue (p = 0,062) même si la différence n’était pas significative.

Conclusion

La prophylaxie antiépileptique n’est pas associée à un bénéfice sur la survenue d’une crise dans les suites d’une intervention de neurochirurgie. L’intérêt de cette thérapeutique uniquement pour les chirurgies à haut risque mériterait d’être exploré avec des molécules ayant peu d’effets secondaires.

Auteurs

Jean-Rémy JARNO, Anais CAILLARD, Aurélie SUBILEAU - (1)Chu Brest, Brest, France

Orateur(s)

Jean-Rémy JARNO  (Brest)