Impact du moment et du délai de chirurgie sur l'évolution post-opératoires des patients majeurs ayant bénéficié d'une chirurgie orthopédique urgente : une étude rétrospective monocentrique
Position du problème et objectif(s) de l’étude
Introduction : La chirurgie orthopédique d’urgence représente à la fois un enjeu de santé public et un défi organisationnel. Deux variables structurelles sont régulièrement discutées : le délai opératoire, dont l’impact sur la morbi-mortalité est bien établi, et le moment de la chirurgie (heures ouvrables vs. heure de garde), pour lequel les données restent contradictoires. Objectif : Cette étude vise à évaluer l’impact du délai opératoire et du moment de la chirurgie sur les issues postopératoires en chirurgie orthopédique urgente.
Matériel et méthodes
Cette étude rétrospective monocentrique inclut les patients majeurs ayant bénéficié d’une chirurgie orthopédique urgente entre février 2023 et février 2025, répartis en 2 groupes ceux opérés durant les heures ouvrables (semaine, 08h00–18h00) et ceux opérés en dehors de ces horaires (nuit en semaine et week-ends). Les données recueillies comprenaient les caractéristiques cliniques, peropératoires et post-opératoires dont les complications, réadmissions, réinterventions, durée de séjour ainsi que la mortalité.
Résultats & Discussion
Parmi les 354 patients analysés, 182 ont été opérés durant les heures ouvrables et 172 en dehors de ces horaires. Le moment opératoire n’a pas influencé la mortalité ou les complications postopératoires immédiates. En revanche, les patients opérés durant la garde ont présenté un taux de réadmission plus élevé que ceux opérés lors des heures ouvrables (31,4% vs 16,5%, p=0.001). Le délai >24h n’était pas associé à une morbi-mortalité accrue mais à une hospitalisation prolongée (10,9 ± 10,8 vs 15 ± 14,2 jours ; p=0,002). A l’inverse, les patients opérés dans les 24h ont présenté un taux de réintervention plus élevé (32% vs 15,9% ; p<0.001), souvent en lien avec une stratégie temporaire en contexte de garde. En effet, 66% des patients opérés précocement l’ont été hors heures ouvrables. La séniorité des praticiens n’a pas influencé les résultats.
Conclusion
Ces résultats invitent à une stratégie individualisée. Chez les patients stables et peu comorbides, une intervention durant les heures ouvrables pourrait permettre d’optimiser les ressources et limiter les reprises. En revanche, chez les patients fragiles ou instables, une prise en charge rapide, même en garde, pourrait être préférable malgré un risque accru de réintervention. Une réflexion organisationnelle est nécessaire pour concilier qualité et réactivité dans la gestion des urgences orthopédiques.
Auteurs
Samy MESSAOUDI (1) , Céline BOUDART (2), Turgay TUNA (2) - (1)Interne, Bruxelles, Belgique, (2)M.d.;phd, Bruxelles, Belgique