17 septembre 2025
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Évaluation de la prise en charge et de l'anesthésie pour rétinopathie des prématurés

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Evaluer la prise en charge anesthésique chez les nouvés-nés prématurés admis à l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild pour prise en charge chirurgicale d’une rétinopathie du prématuré (chirurgie ou photocoagulation laser) en étudiant l’incidence des complications péri-opératoires liées à ces interventions.

Matériel et méthodes

Etude rétrospective sur dossier, observationnelle, analytique et monocentrique, conduite sur une période de cinq ans, de 2019 à 2024, au sein de l’Hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, après accord du comité d'éthique local. Critères d’inclusion : tous les nouveau-nés prématurés présentant un âge corrigé inférieur à 60 semaines d’aménorrhée, pris en charge en bloc opératoire pour des interventions de photocoagulation au laser et/ou pour une chirurgie vitréo-rétinienne. Les nouveau-nés prématurés dont l'âge corrigé dépassait 60 semaines d'aménorrhée ou qui étaient pris en charge pour une autre pathologie ont été exclus de l'étude. L’analyse statistique a consisté en une analyse descriptive (médiane/écart type) puis une analyse univariée afin d’identifier d’éventuels facteurs de risque d’événements hémodynamiques et /ou respiratoires et enfin une analyse multivariée à l’aide d’un modèle de régression logistique. Les patients étaient divisés en 2 groupes : ceux qui arrivaient déjà intubés d’une réanimation néonatale extérieure (INTEX) et ceux qui étaient intubés à leur arrivée (INTRA)

Résultats & Discussion

139 dossiers ont été analysés, 38 dans le groupe INTEX et 101 dans le groupe INTRA. L’âge corrigé au moment de l’intervention était significativement plus élevé dans le groupe INTRA (médiane : 43 vs 37 SA – p<0.001). La présence d’une dysplasie bronchopulmonaire était plus fréquente dans le groupe INTEX mais non statistiquement significative (81.6% vs 71.3% - p = 0.431). Concernant la prise en charge des voies aériennes, Les fréquences des épisodes de SpO2<95% (72% vs 47%) et d’hypotension/utilisation d’éphédrine  (46% vs 28%) étaient plus élevées dans le groupe INTRA probablement car l’induction de l’anesthésie constitue la période la plus à risque (infos non disponibles pour le groupe INTEX). Dans le groupe INTRA, 39.6% ont pu bénéficier d’un masque laryngé au lieu d’une intubation. En analyse multivariée, l’utilisation d’un masque laryngé était significativement associée à un risque réduit de désaturation (OR=0.08, IC95% 0,01-0,37, p<0.01).Le taux d’échec du masque laryngé était cependant de 22.5%. La durée de l’intervention était plus longue pour les enfants qui ont dû être intubés secondairement (144 vs 113 min, p<0,05) Seuls 23% des enfants du groupe INTEX ont pu être extubés dans la journée vs 97% des enfants du groupe INTRA. La durée d’hospitalisation était logiquement allongée dans le groupe INTEX (sortie avant 48H : 2,6% vs 65%).

Conclusion

Cette étude confirme que la prise en charge pour rétinopathie des prématurés est une anesthésie à risque. La survenue de désaturation et d’hypotension était fréquente. L’utilisation du masque laryngé apparaît possiblement comme un facteur protecteur contre la désaturation peropératoire mais il faut être prêt à intuber l’enfant si la procédure se prolonge. Le choix (lié au patient ?) des réanimations néonatales d’intuber les nouveaux-nés avant transfert avait pour conséquence un retard à l’extubation et une prolongation de la durée d’hospitalisation.

Auteurs

Séverine GRAS, Thomas LARUE, Marie-Claire NGHÉ-MANN, Anoushée SHAFFII, Malika OMARJEE, Jean-Marie MOURÈS, Stéphane MERAT, Jean-Michel DEVYS - (1)Dr, Paris, France

Orateur(s)

Séverine GRAS  (Paris)