17 septembre 2025
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Apport de l’échographie gastrique dans l’induction anesthésique des nourrissons opérés de sténose hypertrophique du pylore

Position du problème et objectif(s) de l’étude

L’anesthésie des nourrissons pour chirurgie de sténose hypertrophique du pylore (SHP) est une situation redoutée par les anesthésistes pédiatriques. Elle cumule trois risques : l’estomac plein, l’intubation difficile et la désaturation rapide et profonde en cas d’apnée. L’échographie gastrique a montré sa fiabilité dans cette population pour confirmer la vacuité de l’estomac après vidange à l’aide d’une sonde nasogastrique. Le but de cette étude était d’évaluer l’incidence des désaturations des nourrissons opérés de SHP en fonction du type d’induction anesthésique : induction en séquence rapide (ISR), ou induction inhalée (InI) après vidange gastrique contrôlée par échographie.

Matériel et méthodes

Cette étude observationnelle a obtenu l’accord du comité d’éthique de notre CHU. Les nourrissons opérés de pylorotomie étaient inclus. Entre 2017 et 2021, une ISR était réalisée : les données peropératoires étaient recueillies par analyse rétrospective du dossier informatisé (Dianesthésie, Bow Medical™).  Entre 2022 et 2024, une induction inhalatoire au Sévoflurane était réalisée après contrôle de la vacuité gastrique à l’échographie par l’un des trois opérateurs entrainés à cet outil. Le critère de jugement principal était l’incidence des désaturations en oxygène inférieures à 90% à l’induction. Les critères de jugements secondaires étaient l’incidence des épisodes de désaturation profonde inférieure à 80%, de bradycardie, d’hypotension artérielle, d’au moins deux tentatives d’intubation, d’inhalation ou régurgitation et la durée de réveil. Les données quantitatives étaient exprimées en médiane [1er – 3ème quartile] ou en nombre de patients (%) et étaient analysées par un test U de Mann Whitney et un test du Chi-2. Le seuil de p<0.05 était considéré comme significatif.

Résultats & Discussion

Soixante-sept patients ont été inclus et analysés, 49 dans le groupe ISR et 18 dans le groupe InI. Ving-neuf (59%) des patients du groupe ISR ont présenté au moins un épisode de désaturation inférieure à 90% contre 4 (22%) dans le groupe InI (p=0.016). La saturation minimale médiane était de 84% [72-85] dans le groupe ISR versus 96% [92-98] dans le groupe InI (p=0.032) (Figure 1). Il n’y avait pas de différence statistiquement significative dans la survenue de désaturation profonde, bradycardie, hypotension artérielle et difficulté d’intubation. La durée entre la fin du geste chirurgical et l’extubation était plus courte dans le groupe InI (11 minutes [8.5-13 minutes] contre 19 minutes [10-26.5 minutes] dans le groupe ISR, p=0.035). Aucun épisode de régurgitation ou d’inhalation n’était recensé dans l’ensemble de l’effectif.

Conclusion

Dans notre étude, la survenue de désaturation inférieure à 90% à l’induction des nourrissons opérés de SHP était significativement moins fréquente en cas d’induction inhalée après vidange gastrique contrôlée par échographie, en comparaison avec une ISR. Aucune différence sur la survenue d’hypotension ou de bradycardie n’a été mise en évidence. Ces résultats seront à confirmer par des études prospectives supplémentaires.

Auteurs

Emma PETIT, Julie STREIT, Emmanuel RINEAU, Sigismond LASOCKI, Anne-Charlotte RIEGEL GAGEY - (1)Chu Angers, Angers, France

Orateur(s)

Emma PETIT  (Angers)