19 septembre 2025
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Évaluation de l'incidence et des causes d'ablation non programmée de cathéter veineux central en pédiatrie

Position du problème et objectif(s) de l’étude

L’accès veineux central en pédiatrie est indispensable pour des pathologies chroniques (nutrition parentérale à domicile, chimiothérapie...) mais aussi lors d’épisodes aigus (hydratation intraveineuse, antibiothérapie). L’ablation « non programmée » du cathéter en cours de traitement est particulièrement préjudiciable dans la population pédiatrique car nécessite souvent une nouvelle anesthésie générale. L’objectif de cette étude était de réévaluer l’incidence de l’ablation non programmée de CVC dans la population pédiatrique et comparer ce taux avec celui calculé dans une étude précédente en 2017 et de décrire les différentes causes d'ablation non programmées pour identifier des mesures spécifiques à mettre en œuvre.

Matériel et méthodes

Etude rétrospective monocentrique incluant tous les enfants ayant eu une pose de CVC dans un bloc opératoire exclusivement pédiatrique pendant une durée de 12 mois (octobre 2022 à octobre 2023) en dehors des cathéters à usage peri-opératoire exclusif (avis CSE n°23-417, conformité n°23-5367). L’ablation non programmée de CVC était définie comme une ablation alors que le traitement est toujours nécessaire. Elles ont été identifiées et analysées, ainsi que leur cause (complication infectieuse, ablation accidentelle, complication mécanique, thrombose veineuse, complication cutanée) et leurs facteurs prédictifs potentiels : poids de l’enfant, type de CVC (CVC non tunnélisé, CVC tunnélisé sans manchon, CVC tunnelisé avec manchon, CVC insérés dans une veine périphérique ou PICC, chambre à cathéter implantable ou CCI), indication du CVC (hydratation/alimentation parentérale, chimiothérapie, traitements itératifs : antibiothérapie, enzymothérapie etc.).

Résultats & Discussion

322 CVC ont été mis en place sur les 12 mois pour alimentation parentérale/hydratation dans 35% des cas, pour traitements itératifs (antibiothérapie, enzymothérapie...) dans 45% des cas, chimiothérapie dans 13% des cas et hémodialyse dans 7% des cas. Le devenir du CVC (ablation programmée ou non programmée) a pu être répertorié dans 282 cas (taux de recueil = 87.6%), parmi lesquels 82 correspondaient à une ablation « non programmée » (incidence = 29%). Concernant les 82 cas d’ablation non programmée de CVC : près de la moitié était liée à une complication infectieuse (n=37). Les autres causes étaient accidentelles (n=22) dans un quart des cas et le reste lié à une complication mécanique, cutanée et plus rarement lié à une thrombose veineuse. L'incidence plusieurs années après la mise en place de protocoles spécifiques de pose et de surveillance des cathéters a donc diminué sur la globalité des cathéters mais il existe une grande disparité de cette incidence. Les chambres implantables ont fait l'objet d'une ablation non programmée dans 15% des cas seulement alors que la moitié des cathéters tunnélisés avec manchon destinés à la nutrition parentérale au long court (Broviac®) subissent une ablation non programmée dont la principale cause est infectieuse et la seconde un retrait accidentel (dans les 4 semaines après la pose principalement).

Conclusion

L’incidence de survenue des ablations non programmée de CVC dans notre population pédiatrique a baissé de 36% en 2016 à 29% en 2023. L'importance de l'ablation accidentelle est une particularité pédiatrique qui doit faire l'objet de mesures de prévention particulières. Depuis quelques années de nouveaux systèmes de fixation existent et l’impact de telles mesures en termes de réduction de l’incidence des ablations non programmées pourra être évaluée.

Auteurs

Marine DELORT, Bérengère COGNIAT, Nathalie BOURDAUD, Hélène CONSTANT, Lionel BOUVET - (1)Hcl, Lyon, France

Orateur(s)

Marine DELORT  (Lyon)