19 septembre 2025
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Influence des conditions météorologiques sur la survenue d’un vasospasme dans les hémorragies sous-arachnoïdiennes anévrismales : une étude rétrospective analytique

Position du problème et objectif(s) de l’étude

L'hémorragie sous-arachnoïdienne est une urgence neurologique associée à une morbi-mortalité élevée, avec des complications majeures telles que le vasospasme, survenant chez environ 70 % des patients. Nous avons constaté cliniquement que, sur une période caniculaire, aucun des patients hospitalisés pour HSA anévrismale n’avait présenté de vasospasme radiologique. Cette étude vise à explorer l'influence des variables climatiques sur la survenue du vasospasme dans l’HSA anévrismale.

Matériel et méthodes

Une étude rétrospective monocentrique a été réalisée sur une période de 7 ans (2016-2023), incluant tous les patients hospitalisés pour hémorragie sous arachnoïdienne d’origine anévrismale.  
La prise en charge clinique incluait la prévention du vasospasme par administration quotidienne de Nimodipine et son dépistage par la réalisation d’un angioscanner systématique entre J7 et J10.
Les données climatiques ont été collectées à partir des archives de Météo France, et les données cliniques et radiologiques provenaient des bases hospitalières. L'incidence du vasospasme a été corrélée aux fluctuations climatiques observées pendant l'hospitalisation. Afin d’étudier la corrélation entre température extérieure et intérieure (chambre des patients), nous avons effectué un recueil des températures du service durant une période d’un an.

Résultats & Discussion

414 patients ont été analysés, dont 68 % ont développé un vasospasme.
En analyses univariées et multivariées, les patients ayant développé un vasospasme étaient exposés à des températures significativement plus basses (OR = 0,94 [0,90-0,98] p = 0,005).
Lors de l’analyse par quantile de températures, la survenue de vasospasme est maximale dans la population exposée au 1er quantile de température avec une incidence estimée à 80%. Inversement, concernant la population exposée au quantile de température les plus élevés, l’incidence de vasospasme est minimale, estimée à 57%.
Sur l’ensemble de la période d’inclusion, la survenue de vasospasme possède une tendance saisonnière, les pics d’incidence étant quasiment systématiquement observés durant les périodes froides, alors que l’incidence est minimale durant les périodes chaudes.
De plus, il existe une bonne corrélation entre température extérieure et intérieure (coefficient de Pearson = 0,66), indiquant que cette association entre vasospasme et température extérieure s’explique via une augmentation de la température de la chambre des patients auquel il est directement exposé. Ces résultats sous-tendent l’hypothèse d’une vasomotricité induite par les variations de températures dans ce phénomène, sur le même modèle que celui des vaisseaux périphériques,  en cas d’altération de l’autorégulation cérébrale : si les températures diminuent, il pourrait exister une vasoconstriction cérébrale afin de limiter les pertes thermiques, à l’inverse, en cas de chaleur, on assiste à une vasodilatation.
Aucune influence n’a été mise en évidence concernant la pression atmosphérique.

Conclusion

Notre étude suggère que la hausse des températures extérieures serait associée à une diminution de l’incidence du vasospasme, lui conférant ainsi un caractère saisonnier. Cette association pourrait avoir un impact thérapeutique majeur : il semblerait que nous pourrions faire baisser l’incidence du vasospasme en augmentant la température des chambres des patients.

Auteurs

Stellina BOURDON, Camille HAVEL, Thomas CLAVIER, Julien KALLOUT, Vincent COMPERE - (1)Chu Rouen, Rouen, France

Orateur(s)

Stellina BOURDON  (Rouen)