Modalités d'hospitalisation des HSA de bas grade en soins critiques dans les principaux hôpitaux neurologiques de langue française
Position du problème et objectif(s) de l’étude
Le pronostic fonctionnel de l’hémorragie sous-arachnoïdienne (HSA) dépend de l’ischémie cérébrale secondaire, le plus souvent en lien avec le vasospasme. Les recommandations préconisent une surveillance en soins critiques prolongée pendant toute la période à risque de vasospasme. En réalité, tous les patients ne font pas de vasospasme symptomatique nécessitant une prise en charge en soins critiques, notamment chez les HSA de bas grade. Les dernières recommandations américaines de 2023 n’évoquent plus de durée nécessaire de surveillance et encouragent la « réhabilitation précoce » de ces patients dès la réanimation. Objectif : faire un état des lieux des modalités d'hospitalisation des patients atteints d’HSA de bas grade dans les principaux hôpitaux neurologiques de langue française.
Matériel et méthodes
Entre décembre 2024 et janvier 2025, nous avons envoyé un questionnaire en ligne aux neuro-réanimations via le réseau de l’Association de NeuroAnesthésie-Réanimation de Langue Française (ANARLF). Ce questionnaire comportait 6 questions sur le parcours de soins des HSA de bas grade (WFNS ≤ 3, non dérivés, non ventilés) : la structure d’hospitalisation des patients (soins critiques, neurochirurgie, neurologie/USINV), les critères de maintien et de sortie des soins critiques après 48h, leur durée de séjour en soins critiques et à l’hôpital ainsi que le ressenti de l’équipe sur la pertinence de la durée de séjour des HSA de bas grade en soins critiques. Une seule réponse par centre était requise.
Résultats & Discussion
Nous avons obtenu 38 réponses dont 31 centres en France métropolitaine, dans les départements d’Outre-Mer (Martinique et Sud Réunion) et dans des centres francophones (Genève, Bruxelles, Brazzaville, Marrakech et Rabat). Près de 4/5 des centres répondeurs admettaient initialement ces patients en soins critiques. Les critères de sortie des patients de soins critiques étaient surtout un score de Fisher ≤ 2, une limitation des thérapeutiques actives et l’absence d’apparition secondaire de troubles de la vigilance et/ou de déficit neurologique. Les critères de maintien des patients en soins critiques étaient surtout un score de Fisher ≥ 3, l’apparition ou l’aggravation de troubles de la vigilance et/ou de déficit neurologique, la présence à l’arrivée ou l’apparition secondaire d’un vasospasme sur l’imagerie ou des dopplers transcrâniens pathologiques (résistifs et/ou accélérés). La durée de séjour en soins critiques était de 2 à 7 jours pour 37% des centres, de 7 à 14 jours pour 47%, de plus de 14 jours pour 16%. Aucun centre ne gardait les patients en soins critiques plus de 21 jours. Après leur sortie de soins critiques, les patients restaient en moyenne une semaine en soins conventionnels. Comme le montre le graphique en annexe, plus de la moitié des répondants au questionnaire estimait que la durée de séjour en soins critiques des HSA de bas grade est excessive.
Conclusion
Le parcours de soins et la durée de séjour en soins critiques des HSA de bas grade dans les réanimations francophones est hétérogène. On observe une volonté de réduire la durée de séjour en soins critiques de ces patients. Cette stratégie est probablement à confronter au risque individuel d’ischémie cérébrale retardée et au contexte de chaque établissement. Notre état des lieux plaide en faveur d’études locales de la pertinence du maintien des HSA de bas grade en soins critiques.
Auteurs
Emma SOLIGNAC, Stéphane WELSCHBILLIG, Nicolas ENGRAND - (1)Service De Réanimation, Hôpital Fondation A. De Rothschild, Paris, France