17 septembre 2025
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La gestion du jeûne préopératoire au sein d’un hôpital universitaire

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Il est actuellement recommandé de limiter la durée du jeûne préopératoire à 6 heures pour les solides et d’encourager la prise de liquides clairs jusqu’à 2 heures avant la chirurgie. Cependant, l’application de ses consignes reste difficile. Ainsi dans un audit effectué dans notre institution, la durée réelle du jeûne aux solides était de 13.3 ± 3.3 heures et de 11.8 ± 3.6 pour les liquides. Afin de remédier à ce problème, une nouvelle stratégie a été adoptée; une prescription de boissons 2 heures avant l’horaire prévu de la chirurgie est faite par un médecin anesthésiste tous les matins pour les chirurgies prévues après 9h. Le but de cette étude est d’évaluer ce nouveau protocole de prise en charge du jeûne préopératoire et de le comparer aux anciens résultats.

Matériel et méthodes

Il s’agit d’une étude observationnelle, prospective, monocentrique menée entre le 1er octobre 2024 et le 31 décembre 2024. A l’arrivée du patient en salle d’opération, un questionnaire est rempli par l’infirmière. Il comprend l’heure du dernier repas ainsi que sa consistance, l’heure de la dernière boisson, la présence de soif ou de faim, la prescription de boisson et son exécution ainsi que les causes de la non-exécution de la prescription. L’analyse statistique a été réalisée via SPSS (version 26.0) avec un seuil de signification statistique p<0,05.

Résultats & Discussion

Pour les 529 patients de l’étude, le dernier repas était pris 12.6 ± 3.3 heures (p=0.023) et la dernière boisson 7.9 ± 4.7 heures (p<0.0001) avant la chirurgie. Seuls 117 (22.12%) patients avaient faim mais 246 (46.5%) avaient soif. La composition du repas est présentée dans le tableau 1. Une prescription de boisson était faite pour 110 patients mais seuls 48 (43.63%) ont été avisés par l’infirmière et 39 (35.45%) ont accepté de boire. Le refus était dû à l’absence de soif (33.33%) ou à une crainte des répercussions de la boisson avant l’anesthésie (66.66%). La non-exécution de la prescription par l’infirmière était dû le plus souvent (77.41%) à l’arrivée du patient à l’hôpital moins que 2 heures avant l’appel au bloc opératoire.

Conclusion

Malgré une réduction de la durée du jeûne avant la chirurgie grâce à ce protocole, les délais observés restent importants. Une éducation des patients sur la nature et l’horaire des repas et des boissons semble nécessaire. D’autre part, la formation du personnel soignant sur le bénéfice d’encourager les boissons avant la chirurgie serait utile.

Auteurs

Christopher MASSAAD, Yara JOMAA, Naji ABOU JALAD, Sarah HINDIEH, Rhéa NACOUZI, Joanna TOHME, Christine DAGHER - (1)Hôtel-Dieu De France, Université Saint Joseph, Beyrouth, Liban

Orateur(s)

Christopher MASSAAD  (Beyrouth)