17 septembre 2025
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Développement d’un modèle de prédiction du risque de nausées et vomissements postsortie de l’hôpital après chirurgie ambulatoire chez l’adulte

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Au début de XXIème siècle, l’incidence des nausées et vomissements post sortie (NVPS) après chirurgie ambulatoire était estimée entre 30 et 50%(1) avec un retentissement significatif sur la qualité de la récupération. Un score prédictif, nommé Simplified PDNV score a été proposé en 2012(2) mais les résultats des études de validation nécessitent une interprétation prudente(3,4). De plus, l’évolution des pratiques anesthésiques rend nécessaire une réévaluation sur une large cohorte.

Matériel et méthodes

Après avis favorable du comité d’éthique local, une étude observationnelle, monocentrique, sur base de données rétrospectives a été conduite afin d’établir un modèle prédictif des NVPS. Les patients (âge ≥ 18 ans) ont été opérés en ambulatoire entre le 01/01/2023 et le 31/12/2023 de chirurgie viscérale, proctologique, gynécologique, sénologique, plastique, urologique, vasculaire, orthopédique, ORL et CMF. L’événement d’intérêt (survenue de NVPS) était recueilli à partir des retours aux SMS de suivi envoyés à J+1 (Memoquest®, Calmedica). L’objectif était de développer un modèle prédictif des NVPS. Les variables ont été identifiées par régression logistique sur l’ensemble de la cohorte (apprentissage), puis ont fait l'objet d'une validation croisée sur 5 échantillons aléatoires sans aucun chevauchement entre eux. Le modèle prédictif a été établi grâce à une régression logistique multiple. Le score prédictif de NVPS a été construit en arrondissant le coefficient béta de chaque paramètre du modèle à la valeur entière la plus proche.

Résultats & Discussion

Sur les 10597 patients éligibles, 4798 ont été exclus pour diverses raisons (figure 1). La cohorte d’apprentissage a inclus 5799 patients. Le ratio H/F était équilibré (47/53%), l’âge médian était de 46 ans. Le type d’anesthésie majoritaire était l’anesthésie générale (71%). L’incidence des NVPS à J+1 était de 1,60 % (N= 93). Six facteurs de risque indépendants ont été identifiés (figure 2) : sexe féminin (OR 2.29 [1.3-4.03]), IMC < 30 kg/m² (OR 3.12 [1.31-7.43]), score ASA 3 (OR 2.57 [1.07-6.15]), absence de dexaméthasone (OR 2.27 [1.14-4.52]), tramadol (OR 2.32 [1.34-4]), et douleurs modérées à sévères à J+1 (OR 15.26 [9.26-25.14]). L’AUC moyenne obtenue en validation était égale à 0,76 ± 0,05. Après régression logistique multiple, le 3 points étaient attribués à « douleurs > 3 à J+1 », et 1 à chacun des autres facteurs. La probabilité de présenter des NVPS était estimée à 5% si le score égalait 7, et à 10% s’il égalait 8. Nos résultats suggèrent une division par 10 de l’incidence des NVPS depuis 1995(1). Cela s’explique probablement par l’amélioration des pratiques mais aussi par le mode déclaratif de recueil des NVPS. L'AUC de notre modèle est satisfaisante, mais le score ne permet pas de prédire avec précision l'incidence des NVPS. Du fait de la faible incidence, un élargissement de la cohorte est nécessaire pour l’améliorer. La régression logistique a identifié 6 facteurs indépendants, dont 3 sont modulables par la prise en charge anesthésique (dexaméthasone, tramadol et douleurs > 3 à J+1).

Conclusion

Bien que l’incidence des NVPS ait diminué, les efforts doivent être poursuivis pour leur prévention. A partir de nos résultats, on propose de systématiser l’administration de dexaméthasone, de renforcer la prise en charge des douleurs après retour à domicile et d’éviter l’administration de tramadol chez les patients à risque.

Auteurs

Clotilde VILLETTE, Guillaume HOCQUET, Olivier BILLUART, Frédéric ADAM, Pascal ALFONSI - (1)Hôpital Saint-Joseph, Paris, France

Orateur(s)