Comparaison respirateur d’anesthésie versus respirateur de réanimation : étude sur banc d’essai adaptée à des enfants de 1 à 6kg
Position du problème et objectif(s) de l’étude
Que ce soit chez l’adulte ou l’enfant la ventilation mécanique s’accompagne de lésions pulmonaires induites par la ventilation mécanique source de morbi-mortalité qui doivent être prévenues. En réanimation pédiatrique les respirateurs sont adaptés au poids du patient ce qui n’est pas le cas pour les respirateurs au bloc opératoire. Chez le nouveau-né, en réanimation, le VN600 (Dräger®) est actuellement le plus performant. Cette « polyvalence » des respirateurs d’anesthésie est peut-être préjudiciable chez le nouveau-né si les mesures affichées ne sont pas aussi précises que celle du VN600. C’est pourquoi l’objectif de cette étude sur banc d’essai était de comparer les performances de mesure des paramètres ventilatoires en mode pression contrôlée de quatre respirateurs d’anesthésie versus le VN600 avec des réglages adaptés à des enfants de 1 à 6 kg.
Matériel et méthodes
Notre banc d’essai étudiait, après autotest et en condition BTPS, quatre respirateurs d’anesthésie : Aisys CS2 (General Electric®), Atlan A350 et Perseus A500 (Dräger®), Flow-I (Getinge®) et VN600. Le banc comportait : le respirateur, un pneumotacographe (PF300 IMT Analytic®), un poumon artificiel (Metron QA-VT Adult-Infant Ventilator Tester Michigan Instruments®), un circuit de ventilation avec filtre, une sonde d’intubation adaptée aux 6 conditions de poids n° 2 (1 – 1,5 Kg), n°2.5 (2 - 2,5Kg), n° 3 (3kg) et n° 3.5 (6 Kg). Les respirateurs étaient en mode pression contrôlée avec des paramètres ventilatoires (Vte/FR) adaptés aux 6 conditions de poids 1Kg (5ml/50-55-60) 1,5Kg (7,5ml/45-50-55) 2Kg (10ml/40-45-50) 2,5Kg (12,5ml/35-40-45) 3Kg (15ml-30ml/30-35-40) 6Kg (42ml-60ml/25-30-35). Pour le VN600 deux circuits ont été étudiés, l’un avec et l’autre sans capnographe aspiratif externe. Les mesures recueillis étaient : volume courant expiratoire (Vte), pression maximale (Pmax), pression expiratoire positive (PEP) et réalisées en tripliquette (la moyenne retenue). Le pneumotacographe était la référence. Les résultats sont en médiane (IQ 25 ; 75).
Résultats & Discussion
Pour le Vte, l’erreur de mesure était inférieure pour le VN600 versus les respirateurs d’anesthésie : VN600 sans capnographe [1,6% (0,2 ; 2,9)], VN600 avec capnographe [-4,7% (-6,2 ; -2,7)], Aisys CS2 [-25,0% (- 38,6 ; -20,1)], l’Atlan A350 [- 19,4% (-27,2 ; -17,5)], le Flow-I [8,0% (1,3 ; 14,2)] et le Perseus A500 [-14,4% (-20,3 ; -8,4)]. L’erreur du Vte était d’autant plus grande que la ventilation était effectuée à faible volume (Fig.1). Quel que soit le respirateur testé, l’erreur maximale mesurée était inférieure à 5 % pour la Pm ax et entre -10 et +10 % pour la PEP.
Conclusion
Chez le nouveau-né le VN600 présente une erreur de mesure du Vte inférieure aux respirateurs d’anesthésie et le Flow-I semble être le plus performant des 4 respirateurs d’anesthésie pour des Vte ≥ 10ml. L’utilisation systématique d’un respirateur de réanimation en anesthésie néonatale permettrait une meilleure ventilation des nouveau-nés au bloc opératoire.
Auteurs
Gatien BISSON, Ameur Malik ZEBOUCHI, Philippe PILLOY, Valentin MICHAUD, Fabien ESPITALIER, Marc LAFFON - (1)Chru De Tours, Tours, France