17 septembre 2025
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Ventilation unipulmonaire lors des ablations thermiques percutanées : étude rétrospective d’évaluation de la sécurité et d’innocuité anesthésique

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Les techniques d’ablation thermique percutanée, notamment au niveau thoracique et abdominal, nécessitent une grande précision dans le positionnement des sondes. Or, les mouvements diaphragmatiques induits par la ventilation conventionnelle en limitent la précision. Si la jet ventilation haute fréquence a été proposée, elle comporte des risques (barotraumatismes, altération des échanges gazeux). L’exclusion pulmonaire homolatérale pourrait constituer une alternative efficace en immobilisant l’organe ciblé. Cependant, son innocuité en radiologie interventionnelle n’a pas été évaluée. Cette étude vise à comparer les complications respiratoires associées à la ventilation unipulmonaire par intubation sélective à celles survenant avec une ventilation bipulmonaire par intubation trachéale standard lors d’ablations thermiques percutanées.

Matériel et méthodes

Étude rétrospective, observationnelle, monocentrique, menée à l’hôpital Tenon (AP-HP Sorbonne Université). Inclusion : patients adultes bénéficiant d’une ablation thermique percutanée thoracique ou abdominale sous anesthésie générale avec intubation trachéale (standard ou sélective). Exclusion : grossesse, âge < 18 ans, absence de couverture sociale, tutelle, non francophones. En cas d’intubation sélective, une ventilation unipulmonaire était réalisée du côté de l’intervention. Critère de jugement principal : survenue de complications respiratoires (hypoxémie, pneumothorax, atélectasie). Critères secondaires : durée et nombre d’acquisitions, dose de rayonnement, durée et efficacité de la procédure.

Résultats & Discussion

Parmi les patients inclus, ceux bénéficiant d’une exclusion pulmonaire étaient plus jeunes et présentaient moins de cardiopathies. L’intervention était significativement plus longue avec exclusion pulmonaire, tout comme les pressions de plateau. Les complications étaient significativement associées à trois facteurs : durée de l’intervention (165 vs 120 min, p<0.01), durée d’exclusion pulmonaire (165 vs 110 min, p=0.031), et un volume courant unipulmonaire plus faible (296 vs 366 mL, p<0.01).
En revanche, il n’a pas été retrouvé de différence significative entre les groupes pour la dose de rayonnement, le nombre d’acquisitions d’images ou le caractère complet de l’ablation, ni pour la fréquence globale des complications respiratoires.

Conclusion

La ventilation unipulmonaire au cours des ablations thermiques percutanées semble sûre, à condition de limiter sa durée et d’optimiser le volume courant. Les complications sont principalement liées à la durée prolongée de l’acte et à une mauvaise gestion ventilatoire. Une adaptation de la stratégie anesthésique chez les patients à risque est recommandée.

Auteurs

Nejma DAMARDJI (1) , Matthias BARRAL (2), Clémentine TACONET (3), Franck VERDONK (4), Christophe QUESNEL (5), El Mahdi HAFIANI (6) - (1)Interne À L'aphp En Anesthésie Réanimation, Sorbonne Université, Paris, France, (2)Mcu, Département De Radiologie À L'hopital Tenon, Sorbonne Université, Paris, France, (3)Praticien Hospitalier, Département D'anesthésie Réanimation De L'hopital Tenon Saint Antoine, Sorbonne Université, Paris, France, (4)Pu-Ph, Département D'anesthésie Et Réanimation De L'hopital Tenon Saint Antoine, Sorbonne Université, Paris, France, (5)Pu-Ph, Département D'anesthésie Réanimation De L'hopital Henri Mondor, Hopitaux Universitaires Henri Mondor Aphp, Paris, France, (6)Anesthésiste Réanimateur, Groupe Des Anesthésistes Réanimateurs De L'hopital Privé D'anthony, Paris, France

Orateur(s)

Nejma DAMARDJI  (Paris)