17 septembre 2025
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Description clinique et microbiologique des infections et colonisations à Achromobacter xylosoxidans en réanimation

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Achromobacter xylosoxidans est un bacille Gram négatif non fermentant de l’environnement dont la virulence est mal définie, concernant notamment les patients immunodéprimés, sous ventilation mécanique, ou atteints de pathologies pulmonaires chroniques. Sa faculté à survivre dans l’environnement, à synthétiser un biofilm et ses mécanismes de résistance intrinsèque en font un pathogène préoccupant en réanimation. Les données concernant A. xylosoxidans en réanimation sont rares. Cette étude vise à décrire les caractéristiques cliniques et microbiologiques des patients colonisés ou infectés en réanimation par cette bactérie et à évaluer leur devenir.

Matériel et méthodes

Etude rétrospective multicentrique sur 4 services de réanimation médicale et chirurgicale, de 2016 à 2024, après accord du CERAR (IRB 00010254-2025-036). Les patients étaient inclus s’ils avaient au moins un prélèvement positif à A. xylosoxidans (prélèvement respiratoire profond, hémoculture, cathéter central, urine, site opératoire). L’infection était définie par une antibiothérapie ≥7 jours ou interrompue par le décès. Les données cliniques, biologiques, microbiologiques, ainsi que la prise en charge anti-infectieuse, la durée de séjour et le devenir ont été recueillis. Les résultats sont exprimés en effectif (%) ou médiane [IQR].

Résultats & Discussion

Au total, 79 prélèvements provenant de 49 patients ont été inclus. L'âge médian était de 61 [40-69] ans, avec un sex ratio H/F de 3/1. Les patients étaient majoritairement admis pour état de choc, ou pour brûlures étendues. Sept étaient immunodéprimés et six atteints d’une pathologie pulmonaire chronique. Le score IGS2 était de 42 [26-60]. Cinquante et un prélèvements correspondaient à des infections avérées (33 patients), les autres à des colonisations (16 patients). La principale source infectieuse était pulmonaire (86%). Avant le diagnostic, les patients avaient reçu en médiane 5 [2-8] lignes d'antibiotiques et la durée de séjour en réanimation était de 24 [11-41] jours. Plus de la moitié des patients était déjà sous antibiothérapie quand le prélèvement est revenu positif (69%). Parmi les souches traitées, 86% d’entre elles étaient sensibles au Méropénème, 95% à la Pipéracilline-Tazobactam, 0% au Céfépime. Une bithérapie a été mise en place dans 14% des infections. L'échec clinique est survenu dans 45% des cas d’infection. Le taux de survie globale était de 73% : 67% chez les infectés et 88% chez les colonisés. L’inefficacité de l’antibiothérapie probabiliste n’était pas associée à une mortalité accrue (OR = 0,84 [0,16–4,2]).

Conclusion

Les infections à A. xylosoxidans touchent des patients en réanimation à haut niveau de gravité, souvent après une exposition prolongée aux antibiotiques. Même la colonisation est associée à une mortalité élevée, reflétant la sévérité du terrain. Une étude plus large semble nécessaire pour identifier les facteurs de risque de décès.

Auteurs

Maxime IMBERT (1) , Minh-Pierre LÊ (1), Swann BREDIN (2), Maxime ZALC (1), Keyvan RAZAZI (3), Emmanuel DUDOIGNON (4), Hervé JACQUIER (5), Nicolas MONGARDON (1) - (1)Anesthésie-Réanimation Et Médecine Péri-Opératoire, Chu Henri Mondor, Créteil, France, (2)Médecine Intensive Et Réanimation, Hôpital Saint-Louis, Paris, France, (3)Médecine Intensive Et Réanimation, Chu Henri Mondor, Créteil, France, (4)Anesthésie-Réanimation Et Médecine Péri-Opératoire, Hôpital Saint-Louis, Paris, France, (5)Microbiologie, Chu Henri Mondor, Créteil, France

Orateur(s)

Maxime IMBERT  (Créteil)