19 septembre 2025
353

Niveau de mobilité des patients en réanimation neurochirurgicale

Position du problème et objectif(s) de l’étude

La mobilisation précoce en réanimation est recommandée pour faciliter la sortie de réanimation des patients et améliorer leurs capacités fonctionnelles. Des critères de sécurité ainsi que des protocoles ont été établis pour guider ces soins. Des scores ont également été développés pour évaluer les performances de mobilité. Toutefois, peu de données normatives permettent d’établir un état des lieux des pratiques de mobilisation et des niveaux atteints en conditions de soins standards. L'objectif de cette étude était de décrire le niveau de mobilité des patients dans une unité de réanimation neurochirurgicale.

Matériel et méthodes

Une cohorte rétrospective a été menée sur une période de 6 mois, avec un avis favorable du Comité Éthique pour la Recherche en Anesthésie-Réanimation (IRB 00010254 ‐ 2025 – 035). Les patients adultes admis en réanimation neurochirurgicale pendant plus de 24 heures et qui se sont réveillés avec une motricité pendant leur séjour ont été inclus. Le niveau de mobilité le plus élevé a été rapporté pour chaque journée avec la version française de l’ICU Mobility-Scale (IMS). Les données qualitatives ont été décrites en fréquence, et les quantitatives en médiane avec écart interquartile. Les comparaisons ont été réalisées avec les tests de chi-deux ou Fischer pour les fréquences, et de Kruskal-Wallis pour les variables quantitatives. Une analyse de sous-groupes en fonction du motif d'admission a été conduite, et des analyses multivariées pour expliquer la survenue d'au moins une mobilité hors du lit (MHL) et le temps médian pour atteindre une première MHL.

Résultats & Discussion

Sur les 218 patients ayant séjourné plus de 24 heures dans le service, 160 étaient éligibles et ont été inclus. L’âge médian était de 51 (41-61) ans ; les femmes représentaient 44% de l’effectif ; les patients était principalement admis pour une hémorragie sous-arachnoïdienne (31%) la durée de ventilation mécanique médiane était de 0 (0-8) jour ; la durée de séjour en réanimation était de 14 (8-15) jours. L’ensemble des séjours représentait un total de 2992 jours observés, dont 452 (16.8%) ont été rapportés avec un score IMS>1, correspondant à une MHL. Au moins une MHL a eu lieu chez 76 % des patients, et le temps médian séparant le premier jour avec mobilité active dans le lit du premier jour avec MHL était de 4 (2-7) jours. En analyse multivariée, les patients souffrant d'hémorragie sous-arachnoïdienne et d'hémorragie intracérébrale étaient plus susceptibles de bénéficier d'un jour de mobilisation hors du lit pendant leur séjour, avec des odds ratio ajustés respectifs de 4,54 (1,49-18,07) et 6,04 (1,26-45,17). Un score de Glasgow initial plus élevé était associé à un délai plus court jusqu’à la première MHL, avec un hazard ratio de 1,07 (1,01-1,13). A l’inverse, une durée de séjour plus longue était associée avec un délai plus long, avec un hazard ratio de 0,98 (0,96-0,99). Le niveau de mobilité rapporté dans cette étude aurait pu être plus bas si les patients qui ne s’étaient jamais réveillés avaient été éligibles pour inclusion. Le taux d’événement indésirable aurait également pu être indiqué, ainsi que d’autres éléments impactant la mobilité, comme la présence d’une dérivation ventriculaire externe.

Conclusion

Dans cette cohorte rétrospective de 160 patients admis en réanimation neurochirurgicale sur une période de 6 mois, 76% ont été mobilisé au moins une fois hors du lit pendant leur séjour. Le temps médian entre une première mobilité active au lit et la première MHL était de 4 (2-7) jours.

Auteurs

Henri DE NORAY (1) , Audrey LALLEMANT (2), Cloé COMMEAU (2), Vincent DEGOS (3), Alice JACQUENS (3) - (1)Chu De Bordeaux, Pôle Neurosciences Clinique, Bordeaux, France, (2)Hôpital La Pitié-Salpétrière, Ap-Hp, Service De Rééducation, Paris, France, (3)Sorbonne Université, Hôpital La Pitié Salpêtrière, Dmu Dream, Grc-29, Paris, France

Orateur(s)

Henri DE NORAY  (Bordeaux)