Dysnatremia in burn patients: not just a lab value
Position du problème et objectif(s) de l’étude
Contexte : La dysnatrémie, est une anomalie de la concentration plasmatique de sodium, et est associée à une augmentation de la mortalité. Chez les patients brûlés, la réanimation hydro-électrolytique et divers mécanismes physiopathologiques peuvent induire des déséquilibres électrolytiques. L’impact de ces anomalies, en particulier sur la mortalité et les défaillances d’organes, reste mal connu. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’impacte de la dysnatrémie sur le pronostic chez des patients brûlés.
Matériel et méthodes
Méthode : Il s’agit d’une étude rétrospective observationnelle monocentrique, incluant les patients admis entre octobre 2011 et décembre 2023 dans le Centre de Traitement des Brûlés de l’hôpital Saint-Louis. La dysnatrémie était définie par au moins un épisode d’hypernatrémie (>145 mmol/L) ou d’hyponatrémie (<135 mmol/L). L’insuffisance rénale aiguë (IRA) était définie selon les critères KDIGO, et le critère de défaillance rénale (MAKE à 90 jours) incluait le décès, le recours à l’épuration extra-rénale ou la non récupération de la fonction rénale ≥25 %.
Résultats & Discussion
Résultats :Au total, 1794 patients ont été inclus dont l’âge médian était de 47,7 ans [31,5–62,3], 39,6 % étaient des femmes et la surface cutanée brûlée médiane était de 11,0 % [5,0–21,0]). Neuf cent quatre-vingt-dix patients (56 %) ont présenté une dysnatrémie, dont 396 (40 %) une hypernatrémie et 867 (88 %) une hyponatrémie. La mortalité était significativement plus élevée en cas de dysnatrémie (12,5 % vs 5,0 %, p < 0,001), en particulier en cas d’hypernatrémie (27 % vs 4,1 %, p < 0,001). À l’inverse, l’hyponatrémie était associée à une mortalité plus faible (7,6 % vs 10,8 %, p = 0,025).Les natrémies maximale, médiane et à l’admission étaient significativement plus élevées chez les patients décédés ou avec un critère MAKE à 90 jours. Une tendance similaire était retrouvée en cas d’IRA, avec une élévation des natrémies maximale et médiane et une diminution de la natrémie minimale. La sévérité de l’IRA (KDIGO) était associée à une élévation progressive des natrémies maximale et médiane (p < 0,001). En analyse multivariée ajustée (âge, SCB et IRA), l’hypernatrémie était associée à une augmentation significative du risque de mortalité (OR = 1,82 [IC 95% 1,14-2,90] ; p = 0,012) et de MAKE à 90 jours (OR = 1,89 [IC 95% 1,25-2,84]; p = 0,002), tandis que l’hyponatrémie était associée à une réduction de ces risques (mortalité : OR = 0,20 [IC 95% 0,12-0,31]; p < 0,001 ; MAKE : OR = 0,30 [IC 95% 0,20-0,44] ; p < 0,001). La natrémie à l’admission n’était pas significativement liée au pronostic.
Conclusion
Conclusion : Chez les patients brûlés, l’hypernatrémie, en particulier lorsqu’elle est marquée, est associée à un pronostic défavorable. La surveillance et la correction des anomalies sodées pourraient ainsi représenter un levier important dans l’optimisation de la prise en charge.
Auteurs
Monika KOCIOLEK (1) , Maïté CHAUSSARD (2), Thaïs WALTER (2), Alexandru CUPACIU (2), Benjamin DENIAU (2), Emmanuel DUDOIGNON (2), Maxime COUTROT (2), Lucie GUILLEMET (2), Alexandre PHARABOZ (2), Chiheb BEN MAAOUIA (2), Benoît PLAUD (2), François DÉPRET (2), Louis BOUTIN (3) - (1)Hôpital Necker Enfants Malades, Paris, France, (2)Hôpital Saint-Louis, Paris, France, (3)Hôpital Européen Georges Pompidou, Paris, France