17 septembre 2025
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Épidémiologie infectieuse et impact de l’antibiothérapie initiale dans l’ischémie digestive non occlusive en réanimation : étude rétrospective monocentrique

Position du problème et objectif(s) de l’étude

L’ischémie digestive non occlusive (IDNO) est une pathologie rare mais gravissime en réanimation, associée à une mortalité supérieure à 90 %. Les infections secondaires jouent un rôle majeur dans la progression vers la défaillance multiviscérale. Les données spécifiques sur l’épidémiologie bactérienne et fongique, et sur l’impact de l’antibiothérapie initiale, restent limitées.

Matériel et méthodes

Nous avons conduit une étude rétrospective monocentrique au CHU Amiens-Picardie entre 2013 et 2023, incluant tous les patients adultes diagnostiqués d’IDNO. Les caractéristiques cliniques, microbiologiques et thérapeutiques ont été recueillies. Le critère de jugement principal était la survie à 5 jours selon l’administration d’une antibiothérapie initiale. Les critères secondaires étaient la survie à 90 jours et l’épidémiologie infectieuse bactérienne et fongique.

Résultats & Discussion

298 patients ont été inclus (âge médian 68 ans ; 61 % d’hommes). La mortalité globale à 90 jours était de 97 %, avec une médiane de survie de 9 jours. Une bactériémie était retrouvée chez 21 % des patients, dominée par Escherichia coli et Enterococcus faecium.
Une péritonite était documentée chez 35 % des patients ; Candida spp était isolé dans 27 % des péritonites, principalement Candida albicans. Ce taux élevé de candidoses intra-abdominales suggère une translocation fongique massive dans l’IDNO, probablement favorisée par la destruction sévère de la barrière intestinale.
Concernant l'antibiothérapie, 65 % des patients recevaient une antibiothérapie empirique initiale, majoritairement pipéracilline-tazobactam. L’administration précoce d’une antibiothérapie était associée à une amélioration significative de la survie à 5 jours (64 % vs 30 %, p<0,001), sans impact persistant à 90 jours.

Conclusion

Notre étude confirme que l’IDNO en réanimation est associée à une mortalité dramatique et à une fréquence inédite d’infections fongiques péritonéales. Ces résultats soulignent l'importance d'une prise en charge anti-infectieuse précoce et adaptée, incluant la réflexion sur une couverture antifongique empirique ciblée, notamment en présence de signes de péritonite sévère.

Auteurs

Quintana SOULIER, Idris BRAHIM, Oussama NANAI, Herve DUPONT - (1)Chu Amiens, Amiens, France

Orateur(s)