19 septembre 2025
212-213

Ventriculites associées aux soins et risque d’internalisation de DVE en neuroréanimation (étude VAIROS)

Position du problème et objectif(s) de l’étude

La dérivation ventriculaire externe (DVE) est un outil thérapeutique en neuroréanimation. Les ventriculites associées aux DVE (VAD) sont une complication infectieuse grave, associées à une augmentation de la morbi-mortalité (1,2). Parmi les autres complications associées aux DVE, on retrouve l’internalisation en dérivation ventriculoatriale (DVA) ou ventriculopéritonéale (DVP). Certaines données de la littérature laissent à penser que les ventriculites augmentent le taux d’internalisation de DVE. L’objectif de cette étude est de mettre en évidence la survenue d’une ventriculite comme facteur de risque d’internalisation de DVE.

Matériel et méthodes

Étude rétrospective observationnelle de cohorte monocentrique en réanimation neurochirurgicale réalisée entre janvier 2014 et mai 2024.  Tous les patients ayant présenté une VAD ont été inclus. Le diagnostic VAD était posé selon le protocole du service, correspondant aux critères de Lozier et al (1). Les patients ayant présenté une ventriculite post opératoire ou associée à une infection neuroméningée étaient exclus. Les cas témoins ont été choisi parmi l’ensemble des patients admis en neuroréanimation pendant cette période et ayant eu une DVE. Afin d'optimiser la puissance statistique tout en minimisant le risque de biais, chaque patient du groupe ventriculite a été apparié à 3 témoins en prenant en compte 4 facteurs confondants d’une éventuelle internalisation : âge, motif d’admission, année d’admission et sexe. Les patients décédés au cours de l’hospitalisation en réanimation étaient exclus des deux groupes. Le critère de jugement principal était la mise en évidence de facteurs de risque associés à la survenue d’une internalisation. L’internalisation était définie comme la nécessité de mise en place d’une DVA ou d’une DVP durant le séjour en réanimation ou jusqu’à un mois post réanimation. Les valeurs d’intérêt, choisies après une analyse univariée, ont été testées dans un modèle de régression logistique conditionnelle. Cette étude a été approuvée par le comité éthique du collège de neurochirurgie n° IRB00011687

Résultats & Discussion

Sur la période d’étude, 1847 ont eu une DVE, dont 64 ont présenté une VAD. Sur les 1783, 1177 répondaient aux critères de matching. Au total, 246 patients ont été inclus, 64 VAD et 182 témoins. Parmi les 246 patients analysés, 119 patients (48,4%) ont été admis pour une HSA et 24,8% pour un traumatisme crânien. Trente-trois patients ont eu une internalisation de DVE soit 13,4%. En analyse univariée, les facteurs associées à une internalisation étaient l’hémorragie intraventriculaire (p = 0,035), la durée totale de DVE (p < 0,001) et les VAD (p = 0,012) (Table 1). Aucune association statistique n’a été retrouvée en régression logistique conditionnelle entre la survenue d’une VAD et l’internalisation d’une DVE (Figure 1). Une étude multicentrique sera nécessaire pour valider ces résultats.

Conclusion

Dans notre cohorte, l’internalisation de DVE était associée à la présence d’une hémorragie ventriculaire, la survenue d’une VAD et la durée totale de DVE en analyse univariée. Aucune association statistique n’a été retrouvée en analyse multivariée.

Auteurs

Victor JULLIEN, Remy BERNARD, Sophie MENAT, Vincent DEGOS, Alice JACQUENS, Julie DUPONT - (1)Service De Réanimation Neurochirurgicale – Pitié Salpétrière – Paris, France, Paris, France

Orateur(s)

Victor JULLIEN  (Paris)