Incidence et évolution de l'hyperclairance rénale chez les patients présentant une hémorragie sous-arachnoïdienne non traumatique hospitalisés en neuro-réanimation
Position du problème et objectif(s) de l’étude
L’hyperclairance rénale (HCR), définie dans la littérature par une clairance de la créatinine supérieure à 130 mL/min/1,73m2 a une incidence en réanimation entre 20 à 85% (1,2,3), ce qui pourrait entrainer des concentrations sous-optimales de médicaments à élimination rénale, principalement certains antibiotiques. Cette entité est fréquemment méconnue car les formules usuelles estimant le débit de filtration glomérulaire (DFG) ont tendant à sous-estimer l’HCR (Cockcroft, CKD-EPI ou MDRD). Les patients hospitalisés pour une hémorragie méningée non traumatique présentent un risque important d’hyperclairance. En effet, l’orage adrénergique provoquée lors de la rupture de l’anévrisme, la prévention du vasospasme par la prescription d’inhibiteur calcique et le maintien d’une volémie adéquate via des apports hydro sodés élevés semblent être des facteurs favorisant son incidence. Cependant, il existe peu d’étude évaluant l’HCR chez les patients hospitalisés en réanimation pour une HSA. De plus, l’hyperclairance rénale est désormais reconnue comme un des principaux facteurs de risque de sous dosage de thérapeutique à élimination urinaire comme les antibiotiques ou anticonvulsivants, voire d’échec thérapeutique (4). L’objectif de cette étude est de déterminer l’incidence de l’HCR et d’analyser son évolution au cours de l’hospitalisation chez des patients hospitalisés en neuro-réanimation pour une HSA anévrismale.
Matériel et méthodes
Il s’agissait d’une étude prospective, monocentrique chez des patients hospitalisés en neuro-réanimation dans les suites d’une HSA anévrismale. Cinquante et un patients ont été inclus et un recueil d’urine des 24h a été analysé toutes les 72h afin de calculer la clairance de la créatinine urinaire avec la formule UV/P. L’hyperclairance rénale était ensuite catégorisée en trois groupes selon la valeur de la clairance de la créatinine : HCR faible entre 130 et 149 mL/min/1,73m2; HCR modérée entre 150 et 199 mL/min/1,73m2, HCR majeure strictement supérieure à 200 mL/min/1,73m2. Un patient était considéré comme ayant un épisode d’HCR si au moins une clairance de la créatinine était strictement supérieur à 130 mL/min/1,73m2. Le critère de jugement principal était la présence ou non d’une hyperclairance rénale. Les objectifs secondaires était d’évaluer le stade de l’HCR, le délai d’apparition au cours de l’hospitalisation ainsi que la durée de l’épisode; de comparer la survenue de complications en fonction de la présence ou non d’HCR, ainsi que son impact sur la mortalité et la durée de séjour hospitalière.
Résultats & Discussion
Parmi les 51 patients inclus dans l’étude, 43 patients (84%) ont présenté une hyperclairance rénale. Parmi les patients présentant une HCR, 36 (83%) présentaient un stade modéré à sévère (clairance > 150mL/min/m2) et avaient alors une indication à une adaptation posologique des médicaments à métabolisme rénal comme les anti-infectieux selon les recommandations. Le délai médian d’apparition de l’HCR était de 1 jour [1-4] et la durée médiane de l’épisode était de 6 jours [1-15]. L’HCR est fréquente et apparaît lors des premiers jours d’hospitalisation chez les patients atteints d’HSA anévrismale.
Conclusion
L’HCR est fréquente et apparaît lors des premiers jours d’hospitalisation chez les patients atteints d’HSA anévrismale. L’âge jeune apparait comme le principal facteur de risque.
Auteurs
Marie MAUILLON, Sébastien DERVILLE, Jean-Denis MOYER - (1)Chu Caen, Caen, France