18 septembre 2025
212-213

Évaluation de l’empreinte carbone de trois techniques anesthésiques en hystéroscopie

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Le changement climatique constitue un défi majeur du XXIe siècle, affectant tous les secteurs, y compris celui de la santé. Si les effets environnementaux des gaz anesthésiques sont bien documentés, les recommandations récentes insistent sur l’absence de données quant à la technique anesthésique la plus écologique, notamment entre anesthésie intraveineuse, inhalée et loco-régionale. Dans ce contexte, notre étude vise à comparer l’impact environnemental de trois techniques d’anesthésie : l’anesthésie générale inhalée, l’anesthésie générale intraveineuse et la rachianesthésie, dans le cadre de l’hystéroscopie opératoire.

Matériel et méthodes

Il s’agit d’une étude prospective, observationnelle, monocentrique, menée entre novembre 2024 et avril 2025 dans un centre hospitalo-universitaire français (CERAR #00010254 – 2024 – 091, registre de traitement MR-004 #20241031100637). Toutes les patientes majeures, ayant bénéficié d’une hystéroscopie opératoire sous anesthésie générale ou rachianesthésie ont été incluses. Les critères d’exclusion étaient le refus de participation ou la réalisation d’un autre geste chirurgical associé. L’analyse de cycle de vie a été réalisée selon les normes ISO 14040, en considérant l’ensemble du processus anesthésique comme unité fonctionnelle. Ont été inclus la production, le transport, l’utilisation et l’élimination des médicaments et dispositifs médicaux liés à l’anesthésie. Le chauffage, la ventilation ou les équipements chirurgicaux non liés à l’anesthésie ont été exclus. Pour chaque intervention, les données de consommation de matériels (gants, masques, sondes, dispositifs de réchauffement, etc.) et de médicaments incluant l’oxygène, l’air et les agents halogénés ont été collectées. Les données ont été analysées via le logiciel CAREBONE.

Résultats & Discussion

Pendant la durée de l’étude, 68 patientes ont été incluses dont 14 (20%) ont bénéficié d’une anesthésie intraveineuse, 15 (22%) d’une rachianesthésie et 39 (57%) d’une anesthésie inhalée. Les groupes sont comparables en termes d’âge, durée de chirurgie et durée de réveil. L'anesthésie générale inhalée par sévoflurane (AINOC) représente l'empreinte carbone la plus élevée avec une médiane de 7170 gCO₂e (95%IC, [6144 ; 8335]) par hystéroscopie, suivie de l'intraveineuse (AIVOC), à 5011 gCO₂e (95%IC, [4580 ; 5290]) et de la rachianesthésie à 3631 gCO₂e (95%IC, [3295 ; 3843]), avec une différence significative (p < 0,001) (Figure 1).

Conclusion

Cette étude met en évidence que l'anesthésie inhalée a l'empreinte carbone la plus élevée, et la rachianesthésie la plus faible. À bénéfice clinique égal, l’anesthésie loco-régionale devrait être privilégiée. Intégrer l'impact environnemental dans les décisions médicales est un levier concret pour réduire l'empreinte du secteur hospitalier. Une meilleure information préopératoire et une sensibilisation pourraient constituer des leviers majeurs pour favoriser l’adoption de pratiques anesthésiques plus durables.

Auteurs

Lina LECHANI (1) , Clémentine TACONET (1), Davuth TAN (2), Mathilde MAIRE (1), Franck VERDONK (1) - (1)Hôpital Tenon, Paris, France, (2)Aphp, Paris, France

Orateur(s)

Lina LECHANI  (Paris)