18 septembre 2025
212-213

Relai de la voie intraveineuse (IV) vers la voie orale (PO) en soins critiques

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Dans les services de soins critiques, les traitements sont majoritairement administrés par voie intraveineuse (IV), malgré plusieurs inconvénients : impact écologique, surcharge hydro-sodée, risques d’interactions physico-chimiques, contraintes logistiques, coût élevé et risque infectieux lié aux abords centraux. Dans une démarche d’écoresponsabilité, un groupe de réflexion a initié un projet visant à promouvoir le relai IV/PO à travers des interventions pharmaceutiques pédagogiques.
L’objectif de notre étude était d’évaluer l’impact de ces actions en analysant l’évolution des consommations médicamenteuses.

Matériel et méthodes

Un programme d’optimisation du relai IV/PO a été mis en place en janvier 2025 dans une unité de réanimation (15 lits) et une Unité de Soins Continus (USC) (11 lits). Les actions déployées consistaient : analyse des prescriptions, participation du  pharmacien aux staffs médicaux, et sensibilisation des équipes médicales via des appels proactifs. L’impact du programme a été évalué en comparant la consommation médicamenteuse entre janvier/mars 2024, période durant laquelle aucune intervention n’avait été réalisé concernant le relai IV/PO, et entre janvier/mars 2025. Les médicaments ciblés étaient : les antalgiques, les antibiotiques et les inhibiteurs de la pompe à proton (IPP).

Résultats & Discussion

Sur la période 2025, les interventions pharmaceutiques représentaient 48,6% (n=34) des interventions en USC, avec un taux d'acceptation du relai de 76,5% (n=26), le refus était principalement dû à des difficultés de prise PO. En réanimation, elles représentaient 54% (n=40) des interventions, avec un taux d'acceptation du relai de 67,5% (n=27) pour les mêmes motifs (figure 1). Nous avons mis en évidence une différence concernant la consommation médicamenteuse PO en USC, avec une proportion de consommation PO/totale de 45.1% sur la période 2024 vs 53.1% sur la période 2025 (p<0,0001). Concernant les traitements étudiés, la consommation des antibiotiques est passée de 35.4% à 35,1% (p =0,90), celle des IPP de 46.3% à 35% (p<0,0001) et celle des antalgiques de 57,9% à 65,3% (p<0,0001) (figure 2). Nous n’avons pas mis en évidence de différence concernant la consommation médicamenteuse PO en réanimation, avec une proportion de consommation PO/totale de 37% en 2024 vs 37.7% en 2025 (p=0,34). Concernant les traitements étudiés, la consommation des antibiotiques est passée de 24,1% à 33,2% (p<0,0001), celle des IPP de 17,3% à 22,6% (p<0,0001) et celle des antalgiques de 49.5% à 52% (p=0,01) (figure 2).

Conclusion

La mise en place d’interventions pharmaceutiques a favorisé l’intégration du relai IV/PO en unité de soins continus (USC), malgré une période d’évaluation courte (3 mois) et une population hétérogène. En USC, la pratique a été bien adoptée. En réanimation, le relai IV/PO reste plus difficile à mettre en œuvre en raison de la complexité des patients (intubation, post-opératoire, contre-indication à la voie orale). La discordance observée entre l’augmentation des consommations ciblées et la stabilité de la consommation globale s’explique notamment par des relai inadaptés (neurologiques). Les antalgiques (hors morphiniques) étaient plus facilement relayés, tandis que les antibiotiques l’étaient moins, du fait de la sévérité des patients. Ce travail confirme que le relai IV/PO est faisable en soins critiques et doit être poursuivi pour devenir une pratique standardisée. Un tableau de conversion IV/PO a été créé et diffusé pour faciliter la prescription.

Auteurs

Jean-Baptiste PARADIS (1) , Charlotte DOUDET (1), Catherine RIOUFOL (1), Jay LUCILLE (2), Stephanie PARAT (1) - (1)Pharmacie À Usage Intérieur, Hôpital Lyon Sud, Hospices Civils De Lyon, Pierre-Bénite (france)-Lyon (france),, Lyon, France, (2)Service Réanimation, Hôpital Lyon Sud, Hospices Civils De Lyon, Pierre-Bénite (france)-Lyon (france), Lyon, France

Orateur(s)