17 septembre 2025
242 AB

Gestion de l’anémie en péripartum dans une maternité de niveau 3 : un état des lieux des pratiques

Position du problème et objectif(s) de l’étude

L’anémie ferriprive durant la grossesse est associée à un risque plus élevé de retard de croissance intra-utérin (RCIU), de prématurité, d’hémorragie du post partum (HPP) et de besoin transfusionnel maternel(1)(2). Son incidence est de 25% en France en 2021(3). La Haute Autorité de Santé recommande son dépistage par le dosage de l’hémoglobine au minimum : début de grossesse, 6ème mois, post partum (PP) si césarienne, HPP, anémie martiale en pré-partum, ou symptôme évocateur. En association, au dosage de la ferritinémie pour la recherche étiologique(4). L’objectif de cette étude est de déterminer l’incidence de l’anémie pré-partum dans une maternité de niveau 3 et ainsi d’évaluer l’application des recommandations, la gestion de l’anémie en péri-partum et de comparer nos résultats à l’évaluation de pratique réalisée en 2022 sur la même thématique.

Matériel et méthodes

L’étude est observationnelle prospective et monocentrique ; «Registre général des traitements de l’APHP» N°20241216142216. Le critère de jugement principal est l’anémie en pré partum (hémoglobine < 11g/dl). Les patientes inclues sont majeures et ont accouché entre novembre 2024 et janvier 2025. Les critères d’exclusions sont : anémie préexistante, trouble de l’hémostase, interruption médicale de grossesse, pathologie fœtale sévère, absence de suivi et opposition à la participation de l’étude. L’analyse a consisté à l’estimation de l’incidence de l’anémie et de la carence martiale en pré partum, à la comparaison des femmes avec et sans anémie pré partum, à l’analyse des issues materno-fœtales en lien avec l’anémie ainsi qu’à la comparaison des résultats entre 2022 et 2025. Les données ont été analysées par le logiciel R version 4.4.2. Les variables qualitatives sont exprimées en effectif et pourcentage. La comparaison a été réalisée à l’aide d’un test du chi2 ou de Fischer selon que les effectifs sont > 5 ou non. Un p <0.05 était considéré comme significatif.

Résultats & Discussion

Au total, 402 femmes ont été incluses. L’incidence de l’anémie pré-partum dans notre population a été de 25%. La recherche de la carence martiale a été réalisée chez 51% des femmes anémiées. Toutes les femmes carencées ont été supplémentées par fer. Les patientes jeunes (<25 ans) et originaires d’Afrique du Nord sont plus fréquemment anémiées en comparaison aux autres patientes. Nous n’avons pas retrouvé d’association entre l’anémie pré partum et l’HPP, la transfusion en PP, la prématurité ou le RCIU. En comparaison à 2022, l’incidence de l’anémie gestationnelle était augmentée de manière non significative (25% vs 21%, p=0.16). Les facteurs de risques d’anémie identifiés étaient les mêmes qu’en 2022, tout comme l’absence d’issues défavorables materno-fœtales liées à l’anémie. À la différence de 2022, les supplémentations martiales dans notre étude étaient guidées par la ferritinémie comme le recommande la HAS.

Conclusion

La prise en charge de l’anémie ferriprive au cours de la grossesse est un enjeu majeur compte tenu de son incidence et des conséquences materno-fœtales associées. Cette étude met en évidence une amélioration des pratiques dans le dépistage, le suivi et la gestion de l’anémie en péripartum, notamment en pré-partum, au regard des recommandations de l’HAS. Cependant, il reste des axes améliorations puisque toutes les patientes anémiées n’ont pas eu un bilan martial. Cette étude souligne l’importance de l’approche pluriprofessionnelle sur le sujet et la réalisation de protocoles basées sur les recommandations pour une application optimale.

Auteurs

Camille PLENT (1) , Mégane RAINEAU (2), Merienne MAJOLAINE (3), Bonvarlet ROMAIN (3), Keita-Meyer HAWA (4) - (1)Interne, Paris, France, (2)Cca, Paris, France, (3)Iade, Paris, France, (4)Puph, Paris, France

Orateur(s)

Mégane RAINEAU  (Paris)