Rougeole gravidique en réanimation maternelle : expérience
Position du problème et objectif(s) de l’étude
La rougeole, infection virale hautement contagieuse due au virus Morbillivirus, est en recrudescence mondiale ces dernières années, en lien avec une couverture vaccinale insuffisante dans certaines régions.les données concernant la rougeole chez la femme enceinte admise en soins intensifs demeurent rares et essentiellement limitées à des cas cliniques isolés. L’objectif de ce travail:une meilleure compréhension des caractéristiques cliniques, des modalités de prise en charge et du pronostic materno-fœtal est essentielle pour renforcer les stratégies de prévention, notamment vaccinale, et optimiser la prise en charge dans les services de réanimation.
Matériel et méthodes
Il s’agit d’une étude rétrospective descriptive menée sur une période de un an et 3 mois allant du 1er janvier 2024 au 31 mars 2025.Ont été incluses toutes les patientes enceintes admises aux urgences avec un diagnostic de rougeole. Le diagnostic a été retenu sur la base d’un faisceau d’arguments cliniques et épidémiologiques, en l’absence de confirmation biologique par PCR ou sérologie IgM spécifique, qui n’étaient pas disponibles dans notre établissement au moment de l’étude. Au total, 23 patientes présente la rougeole ont été recensées, dont 9 présentaient une forme grave et qui nécessite l’admission en réanimation. Les données ont été analysées de façon descriptive à l’aide du logiciel Excel.
Résultats & Discussion
L’âge moyen des patientes était de 30.43 ans. La majorité des patientes étaient primipares (60 %).Le statut vaccinal était inconnu dans 11cas (47,82%), et documenté comme vacciné dans 12 cas (52,17%). Les signes les plus fréquemment retrouvés étaient : Fièvre : 20 cas (86,95%), Éruption maculo-papuleuse : 23 cas (100%), Toux sèche : 16 cas (69,56%), Conjonctivite : 4 cas (17,39 %), Dyspnée ou polypnée : 9 cas (39,13%). Un contage connu avec un cas de rougeole a été rapporté dans 5 cas (21,73 %). Parmi les 23 patientes, 9 cas (39,13%) ont été considérés comme formes graves, nécessitant : Une ventilation mécanique non invasif dans 9 cas (39,13%), Aucune patiente n’a nécessité de ventilation mécanique invasive, Une oxygénothérapie à haut débit dans 3 cas (13,04 %), Aucune patiente n’a présenté une SDRA dans notre étude, Pas d’encéphalite ni d’atteinte hépatique documenté dans notre série. Toutes les patientes ont bénéficié d’une prise en charge symptomatique. Une antibiothérapie si surinfection bactérienne. Aucune patiente n’a reçu d’antiviral spécifique (ribavirine). La durée moyenne de séjour en réanimation était de 5 jours. Un accouchement prématuré a été induit en urgence dans 3 cas (13,04 %).
Un décès maternel a été enregistré dans 1 cas (4,34%), un mort subite. Nos résultats confirment les données de la littérature concernant la sévérité potentielle de la rougeole pendant la grossesse(gravité pulmonaire). Mais la prise en charge rapide et adaptée, malgré l'absence de confirmation virologique spécifique dans notre contexte améliore le pronostic maternel. Cela souligne l'importance de la prévention, notamment par la vaccination, et de la vigilance clinique dans les contextes épidémiques.
Conclusion
La rougeole chez la femme enceinte nécessite de renforcer la prévention par la vaccination systématique des femmes en âge de procréer, de promouvoir le dépistage du statut immunitaire en période préconceptionnelle ou en début de grossesse, et d'établir des protocoles clairs, avec une prise en charge multidisciplinaire, précoce et structurée permet d’optimiser les issues maternelles et néonatales.
Auteurs
Hanane MOUROUTH, Meryem ESSAFTI, Houssam REBAHI, Youssef MOUAFFAK, Ahmed Ghassane EL ADIB - (1)Réanimation, Marrakech, Maroc