17 septembre 2025
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Envenimation scorpionique et grossesse : expérience

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Les piqûres de scorpion constituent un véritable problème de santé publique dans plusieurs régions endémiques, notamment en Afrique du Nord, où les conditions climatiques et géographiques favorisent la prolifération des espèces venimeuses. Chez la femme enceinte, elle représente une situation à haut risque en raison des modifications physiologiques de la grossesse et des répercussions possibles sur le fœtus. L’objectif de cette étude est d’analyser les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et évolutives des piqûres de scorpion chez la femme enceinte admise en réanimation maternelle, et d’évaluer leur impact sur le pronostic maternel et fœtal. Elle vise également à identifier les facteurs de gravité et à décrire les modalités de prise en charge dans un contexte de ressources limitées.

Matériel et méthodes

Il s’agit d’une étude rétrospective, descriptive, menée au sein du service de réanimation maternelle du Centre Hospitalier Universitaire Mohammed VI de Marrakech sur une période de 8 ans, allant du 1er janvier 2016 au 31 décembre 2024. Un total de 53 patientes a été recensé. Les données ont été extraites à partir des dossiers médicaux et des registres de réanimation. Les données ont été saisies et analysées à l’aide du logiciel Microsoft Excel.

Résultats & Discussion

L’âge moyen des patientes était de 30.43 ans. La majorité des patientes provenaient de zones rurales 43 cas soit 81,13%.
Concernant le terme de la grossesse: premier trimestre 12 cas (22,64%), deuxième trimestre 20 cas (37,73%),troisième trimestre 21 cas (39,62%) Le délai moyen entre la piqûre et la consultation était de 2 heures. Le site de piqûre le plus fréquent était : membre inférieur 32 cas (60,37%),membre supérieur 10 cas (18,86%),tronc 3 cas (5,66%),abdomen 6 cas (11,32%),Face 2 cas (3,77%) Le score de gravité a été estimé comme suit:léger chez 15 cas (28,3%),modéré 32 cas  (60,37%),sévère chez 6 cas (11,32%) Prise en charge thérapeutique :antalgiques administrés dans toutes les parturientes (100 %), inotropes chez 6 cas (11,32%), sans utilisation d'antivenin Complications :choc observé chez 6 patientes (11,32%), aucune patiente n’a présenté de détresse respiratoire aiguë, ni CIVD ou troubles de la coagulations. Sur le plan obstétrical : accouchement prématuré chez 5 cas (9,43%), et aucun mort fœtal in utero n’a été détécté Issue maternelle : évolution favorable chez (100%),pas de décès maternel Dans notre série, la majorité des patientes présentaient des formes modérées de l’envenimation, ce qui rejoint les données de la littérature maghrébine, notamment les études tunisiennes, qui rapportent également un taux élevé des piqures de scorpion chez la femme enceinte. Le choc, la détresse respiratoire et les troubles de la conscience constituent les principales manifestations de gravité rapportées, confirmant l’effet neurotoxique et cardiotoxique du venin de scorpion.

Conclusion

Bien que la majorité des patientes aient évolué favorablement sous traitement symptomatique et soins intensifs, les complications graves, telles que le choc et les pertes fœtales, soulignent la nécessité d’une vigilance accrue. Le renforcement des capacités de prise en charge en milieu périphérique, l’amélioration de la sensibilisation des populations à risque et l’optimisation du transport médicalisé constituent des axes prioritaires pour réduire la morbi-mortalité liée au scorpionisme gravidique.

Auteurs

Hanane MOUROUTH, Meryem ESSAFTI, Houssam REBAHI, Youssef MOUAFFAK, Ahmed Ghassane EL ADIB - (1)Réanimation, Marrakech, Maroc

Orateur(s)

Hanane MOUROUTH  (Marrakech)