19 septembre 2025
313-314

Évaluation des connaissances et des pratiques : embolie gazeuse iatrogène en anesthésie-réanimation dans le Finistère

Position du problème et objectif(s) de l’étude

L’embolie gazeuse iatrogène est un événement rare mais potentiellement fatal, responsable de décès souvent évitables chaque année. Son incidence réelle est sous-estimée en raison d’un défaut d’identification ou de déclaration. L’objectif de cette étude est d’évaluer les connaissances des équipes soignantes de services d’anesthésie ou de réanimation sur cet accident iatrogène, en particulier sur les situations à risque d’embolie gazeuse, leur détection et leur prise en charge.

Matériel et méthodes

Cette évaluation des connaissances est une étude prospective multicentrique ayant eu l’accord du comité d’éthique (avis no. 2402201). Le critère principal est le niveau de connaissance sur l’embolie gazeuse, un critère continu de 0 à 1, et obtenu à partir d’un questionnaire diffusé auprès de soignants travaillant dans les services d’anesthésie-réanimation ou de médecine intensive-réanimation de quatre centres hospitaliers ; ce critère est comparé selon les caractéristiques de la population étudiée : la profession, le lieu de travail, l’ancienneté, l’exposition passée à une embolie gazeuse, le statut de plongeur et le fait d’avoir reçu une formation sur l’embolie gazeuse dans le passé. Le test utilisé pour comparer la distribution de ces moyennes est le test ANOVA et le test de Tukey. Un groupe est significativement différent d’un autre pour une valeur P inférieure à 0,05.

Résultats & Discussion

145/467 soignants (31 %) travaillant dans un service d’anesthésie, de réanimation ou de médecine intensive ont participé. Le niveau de connaissance sur l’embolie gazeuse est bon avec un score de 0, 78 [0,46 – 0,91]. Il apparaît plus élevé dans plusieurs sous-groupes : les médecins séniors par rapport aux autres professions (médecins séniors : 0,83 [0,81 – 0,86], infirmiers-anesthésistes : 0,78 [0,75 – 0,80], internes : 0,77 [0,74 – 0,80], infirmiers de réanimation : 0,75 [0,73 – 0,77] ; p<0,01 ), les soignants ayant plus de dix ans d’expérience par rapport à ceux ayant moins de deux ans d’expérience (> 10 ans : 0,80 [0,78 – 0,83], < 2 ans : 0,74 [0,72 – 0,77] ; p=0,004), les soignants exposés à une embolie gazeuse dans le passé (exposés : 0,80 [0,78 – 0,82], non-exposés : 0,77 [0,75 – 0,78] ; p=0,012), les soignants travaillant dans un service d’anesthésie en comparaison à ceux travaillant dans un service de médecine intensive-réanimation (MIR) (anesthésie : 0,80 [0,78 – 0,82], MIR : 0,74 [0,72 – 0,77]; p< 0,004) et les soignants ayant reçu une formation spécifique sur l’embolie gazeuse par rapport aux à ceux n’ayant pas été formés (formés : 0,79 [0,78 – 0,81], non-formés : 0,75 [0,73 – 0,77] ; p<0,004). Le niveau de connaissance sur l’embolie gazeuse n’est pas significativement différent entre les plongeurs et les non-plongeurs.

Conclusion

Cette évaluation des connaissances sur l’embolie gazeuse montre un bon niveau de connaissance chez les professionnels travaillant en anesthésie ou en réanimation, spécifiquement chez ceux ayant été exposés à une embolie gazeuse dans le passé ou ayant reçu une formation sur le sujet. Une sensibilisation précoce sur l’embolie gazeuse auprès des soignants particulièrement à risque d’exposition présente ainsi un intérêt dans la prévention, la détection et la prise en charge de l’embolie gazeuse iatrogène. De multiples supports doivent être utilisés pour ces actions de sensibilisation, et plus particulièrement la pratique de la simulation et l’usage de check-lists, qui permettent de mobiliser un haut niveau de connaissances face à un événement à faible de taux d’exposition.

Auteurs

Milian JOVOVIC (1) , Anaïs CAILLARD (1), Olivier LANGERON (1), Anne HENCKES (2), Bénédicte NANCY (1) - (1)Chu Brest, Département D'anesthésie-Réanimation, Brest, France, (2)Chu Brest, Service De Médecine Hyperbare, Brest, France

Orateur(s)

Milian JOVOVIC  (Brest)