19 septembre 2025
313-314

Perception des Jeunes anesthésistes-réanimateurs sur l’intégration de l’intelligence artificielle dans nos pratiques cliniques

Position du problème et objectif(s) de l’étude

L’intelligence Artificielle (IA) appliquée à la santé connait un essor croissant ces dernières années (1-2), cependant son intégration en routine soulève des interrogations éthiques, juridiques et organisationnelles (3). L’Anesthésie-Réanimation (AR) offre de multiples applications de ces méthodes d’IA du fait de la multitude de données de surveillance à disposition, par automatisation de l’anesthésie ou prédiction de complications (4).
Les jeunes professionnels de santé, davantage sensibilisés au numérique, perçoivent différemment ces nouveaux outils par rapport aux générations précédentes (5). C’est pourquoi l’Association des Jeunes Anesthésistes-Réanimateurs (AJAR) a souhaité étudier le ressenti des internes nouvellement affectés en AR sur l’impact qu’aura l’IA sur leur exercice futur.

Matériel et méthodes

Notre questionnaire en ligne a été diffusé auprès de tous les nouveaux internes admis en AR du 15 au 30 septembre 2024 à l’issue des Epreuves Dématérialisées Nationales (EDN) 2024, par l’intermédiaire des réseaux sociaux de l’AJAR France puis relayé par les AJAR régionales. Les premières questions reprenaient leurs coordonnées afin d’être mis en relation avec les internes de leurs villes respectives, les dernières questions portaient sur l’impact selon eux qu’aurait l’IA sur leur pratique dans les 10 prochaines années. Les analyses statistiques ont été réalisées avec le logiciel R, version 4.5.0.

Résultats & Discussion

Au total, 397 réponses ont été analysées (199 femmes et 198 hommes, de répartition homogène sur l’ensemble des CHU de France). La majorité des répondants (84 %) jugent inévitable ou probable l’émergence de l’IA dans notre quotidien professionnel dans les 10 ans. Une majorité considèrent que l’IA pourrait améliorer la qualité des soins au bloc opératoire ou en réanimation (16% complètement d’accord, 64% plutôt d’accord, 17% n’ont pas d’opinion) ou faire gagner du temps sur les tâches administratives (30% complètement d’accord, 58% plutôt d’accord, 11% n’ont pas d’opinion). En revanche, ils se sentent peu accompagnés durant leurs études médicales pour contribuer à la modernisation de l’hôpital (19% pas du tout d’accord, 39% plutôt pas d’accord, 36% n’ont pas d’opinion). (Figure 1)

Conclusion

Les Jeunes Anesthésistes-Réanimateurs perçoivent le développement de l’IA comme des outils potentiellement significatifs pour améliorer la qualité des soins et l’efficience administrative. Ils soulignent cependant un manque d’accompagnement à la mise en place de ces outils dans notre pratique quotidienne, pour lesquelles des formations adaptées à l’ensemble de la communauté médicale seraient nécessaires afin d'en garantir une adoption harmonieuse.

Auteurs

Arnaud DELEHAYE (1) , Laura DELCANT (2), Marie GAREAU (3), Aurèle REUFFLET (4), Pierre LAPRAZ (5), Maxime BOURNON (5), Johanna PATEY (5), Marine MAGNUS (6), David HASZON (6), Lucien MONOD (2) - (1)Département D’anesthésie-Réanimation, Groupe Pitié-Salpêtrière, Aphp Sorbonne Université, Paris, (2)Département Réanimation, Anesthésie Et Médecine Péri-Opératoire (dream), Rouen, (3)Département D’anesthésie-Réanimation, Chu De Strasbourg, Strasbourg, (4)Service D’anesthésie Gynécologique Et Obstétricale, Chu De Nantes, Nantes, (5)Département D’anesthésie-Réanimation, Chu De Tours, Tours, (6)Département D’anesthésie-Réanimation, Chu De Limoges, Limoges

Orateur(s)

Arnaud DELEHAYE  (Paris)