Enquête sur l’impact de la régulation des urgences chirurgicales en condition d'accès restreint au bloc opératoire, sur le niveau de stress ressenti chez les médecins anesthésistes réanimateurs

Position du problème et objectif(s) de l’étude

La régulation des urgences chirurgicales au bloc opératoire (BO) est une tâche extrêmement complexe de la garde en anesthésie, en raison d’un nombre limité de salles et de personnel. Nous avons souhaité connaitre l’impact de cette tâche, sur le niveau de stress ressenti et rechercher les facteurs associés à un niveau de stress important.

Matériel et méthodes

Il s’agit d’une enquête nationale sous forme d’un questionnaire en ligne comportant 30 questions (Google Forms). Le questionnaire a été diffusé via les réseaux sociaux par la société française d’anesthésie réanimation (SFAR) et était accessible entre janvier et septembre 2024. Ce questionnaire était destiné aux médecins anesthésistes réanimateurs effectuant des gardes de senior en anesthésie. Un niveau de stress important était défini par une valeur supérieure ou égale à 7 sur une échelle de 0 à 10. La réponse au questionnaire étant volontaire, les participants étaient informés de l’objectif de l’étude. Les analyses ont été réalisées avec le logiciel R++. Les résultats sont présentés en valeur absolue et pourcentage pour les variables qualitatives et en médianes et interquartiles pour les variables quantitatives. Les variables qualitatives ont été comparées par un test de Chi2 et les variables quantitatives par un test de Wilcoxon. Un seuil de 0.05 était retenu pour la significativité.

Résultats & Discussion

335 réponses étaient analysées. Les répondants étaient des femmes dans 49.5% des cas, travaillant dans un hôpital public dans 89.7% des cas. L’aspect restreint de l’accès au BO était objectivé par la présence de 2 [1-3] salles de BO disponibles la nuit pour 6 [5-8] spécialités chirurgicales. Le niveau de stress associé à cette situation était évalué à 8 [6-9]. Seuls 12% des répondants disaient utiliser une aide à la régulation. La description de l’ensemble des réponses et l’analyse en fonction du niveau de stress ressenti sont présentées dans le tableau 1. En régression linéaire, les facteurs protecteurs du stress important ressenti étaient le sexe masculin (OR 0.56 [0.33-0.95], p 0.03) et le fait de travailler en clinique (OR 0.15 [0.04-0.54], p 0.004).

Conclusion

La régulation des urgences chirurgicales en condition d'accès restreint au BO est une source de stress important chez les praticiens séniors en anesthésie réanimation, particulièrement chez les femmes et chez les médecins exerçant en structure publique, et donc probablement plus exposés aux situations d’urgences graves de par la participation prédominante à la permanence des soins. Cette sensation de stress est liée au vécu de la situation comme conflictuelle, et à l’inquiétude médico légale. C’est une source de motivation à changer de poste. Cette enquête, bien que de faible effectif, montre que les grilles d’aide à la régulation, dont le but est de faciliter la régulation des urgences chirurgicales, sont encore très peu utilisées. Tableau 1 : description générale des réponses et analyse en fonction du niveau de stress ressenti Légende : MAR : Médecin Anesthésiste Réanimateur ; IADE : Infirmier Anesthésiste Diplômé d’Etat ; * : sur une échelle de 0 à 10)

Auteurs

Nathalie ZAPPELLA (1) , Pauline DEVAUCHELLE (2), Thomas CLAVIER (3), Acute COMITÉ (4) - (1)Département D'anesthésie Réanimation Chu Bichat Claude Bernard, Paris, France, (2)Département D'anesthésie Réanimation Chu Beaujon, Clichy, France, (3)Département D'anesthésie Réanimation Chu Rouen, Rouen, France, (4)Sfar, Paris, France

Orateur(s)

Nathalie ZAPPELLA (Paris)