Enquête de pratiques sur la gestion préopératoire du diabète en consultation d'anesthésie
Position du problème et objectif(s) de l’étude
Le diabète serait responsable d’environ 10% de la mortalité mondiale toute cause confondue des 20 à79 ans. Sa prévalence en Guadeloupe est l’une des plus élevée de la zone Amérique du Nord – Caraïbes.La période péri-opératoire est une période de déséquilibre glycémique fréquent. Dans ce contexte d’augmentation du risque péri-opératoire, la Société Française d’Anesthésie et Réanimation (SFAR) a publié en 2018 des recommandations sur la gestion du diabète en préopératoire. L'objectif de notre étude est de déterminer les taux de conformité aux recommandations de la SFAR au CHU de la Guadeloupe.
Matériel et méthodes
Nous avons réalisé une étude de cohorte rétrospective, basée sur l’analyse des CPA des patients diabétiques sur une période d’un an, du 04/04/2019 au 03/04/2020. Nous avons décidé de considérer comme diabétique, tout patient dont la pathologie avait été identifiée par le MAR en charge de la consultation et ceux dont les traitements comprenaient une molécule antidiabétique. Le critère de jugement principal était le taux de conformité global défini par le nombre de consultations de chirurgie programmée qui respectaient l’ensemble des recommandations suivantes : consignation des taux d’HbA1c, évaluation cardiologique, adaptation des traitements, mise en place d’un protocole d’insuline rapide et compensation du jeûne.
Résultats & Discussion
Nous avons analysé 4664 CPA de patients, parmi elles 1017 concernaient des patients diabétiques (21,81%). Parmi eux, 974 étaient considérés comme diabétique de type 2 (95,77%) et 27 (2,65%) comme diabétiques de type 1. Dans 316 (33,4%) consultations, nous retrouvions des arguments pour un diabète compliqué. Le ratio femme/homme était respectivement de 44% (N=450) et 56% (N=567), pour un âge médian de 69 ans (61 - 76). Huit-cent-soixante-dix-sept patients (86,2%) présentaient en plus de leur diabète une autre comorbidité ayant un impact sur la morbi-mortalité cardiovasculaire en péri-opératoire. Six-cent-quatre-vingt-six consultations (67,4 %) étaient réalisées pour une chirurgie programmée (293 (28,80%) en ambulatoire et 393 (38,64%) en hospitalisation. Sur les 8 points analysés dans notre étude, le taux de conformité aux recommandations variait de 100% pour l’évaluation du risque cardiovasculaire du patient diabétique et au plus bas de 8,3 % (IC 95% [6,23 – 10,36]) pour l'hémoglobine glyquée. Le taux de conformité pour l’adaptation des traitements anti-diabétiques était de 49,18% [IC 95% ; 45,94 – 52,42] (N=449) jusqu’à 54,42% [IC 95% 50,54 – 58,29] (N=345) en chirurgie programmée, contre seulement 36,11% [IC 95% ; 30,56 – 41,46] (N=104) en chirurgie urgente. La prise en compte d’une possible dysautonomie et ses conséquences n’était quasiment jamais mentionnée. Pour le critère de jugement principal15 patients, soit 2,19% (IC 95% [1,29 – 3,19]) des patients pris en charge en chirurgie programmée respectaient l'ensemble des recommandations.
Conclusion
Malgré la limitation de notre analyse aux consultations d’anesthésie, nous avons pu identifier une profonde inadéquation entre les recommandations de la SFAR et nos pratiques. Il convient d’améliorer la qualité de l’encadrement de la période péri-opératoire de nos patients diabétiques. Dans cette optique nous avons proposé un protocole de gestion du diabète au cours de la consultation pré-anesthésique. Une nouvelle analyse des mêmes données permettra de se rendre compte de l’impact d’un protocole et nous offrira la satisfaction de savoir nos patients mieux pris en charge.
Auteurs
Samuel ROME, Fethi AISSA, Erika DABRICOT, Antoine DDECAESTECKER, Amélie ROLLÉ - (1)Chu De La Guadeloupe, Guadeloupe, France