Évaluation des Unités Mobiles Hospitalières paramédicalisées (UMH-P) après 20 mois de mise en place
Position du problème et objectif(s) de l’étude
Le Service d’Aide Médicale Urgente (SAMU) a dû s’adapter depuis quelques années aux ressources médicales en baisse. C’est ainsi que les Unités Mobiles Hospitalières (UMH-P) ont été mises en place pour pallier en partie aux carences médicales pour les interventions extra-hospitalières. L’objectif de notre étude était d’évaluer la sécurité des interventions UMH-P depuis leur création au sein de notre service.
Matériel et méthodes
Celle étude rétrospective monocentrique observationnelle réalisée dans notre centre a analysé toutes les interventions UMH-P du 07/11/2022 au 30/06/2024. Sur cette période, nos protocoles d’envoi des UMH-P se limitaient à 8 indications : renfort antalgie, hémorragie non grave, hypoglycémie, brulures non compliquées, exacerbation de pathologies respiratoires obstructives, traumatologie non grave et arrêt cardiorespiratoire en absence de médecin. La présence d’un critère de gravité au début de l’intervention : neurologique (score de Glasgow < 15), respiratoire (signes de détresse respiratoire aigüe ou nécessité d’oxygène), et hémodynamique (pression artérielle moyenne inférieure à 65 mmHg) a été colligée. En fin d’intervention UMH-P, la correction éventuelle de la défaillance et l’aggravation clinique des malades ont été évaluées. Une analyse comparative entre les UMH-P protocolisées et hors protocole ainsi que les UMH-P par carence ou hors carence de SMUR a été réalisée à l’aide du test approché du Chi2 ou de Fischer (les différences étant considérées comme significatives pour p<0,05).
Résultats & Discussion
Sur les 20 mois de l’étude, 248 patients (âge moyen 52 ± 24 ans, sex ratio de 1) étaient pris en soins en intervention UMH-P, dont la durée moyenne était de 66 ± 27 min. Environ 3,6% des interventions concernaient des patients de moins de 15 ans et 23% des patients de plus de 75 ans. Les deux motifs principaux d’envoi d’UMH-P étaient l’antalgie en contexte traumatique (42%) et l’hypoglycémie (25%). Les interventions UMH-P étaient déployées hors protocole dans 22% des cas et 7,7 % étaient clairement identifiées comme carence de SMUR. Environ 18 % des patients présentaient au moins un critère de gravité, neurologique surtout. Seuls 5,2% des patients s’étaient dégradés (au plan hémodynamique essentiellement) et 4,4% bénéficiaient effectivement d’un renfort médical différé. La présence d’un critère de gravité initial était plus fréquente en cas de carence de SMUR qu’hors carence (37% vs. 17%, p=0,036). De même, l’infirmier de l’intervention demandait conseil au médecin régulateur plus fréquemment quand l’UMH-P était envoyée en cas de carence de SMUR qu’hors carence (79% vs. 48%, p=0,011). La pose d’une voie veineuse et l’administration d’une thérapeutique étaient plus fréquentes en cas d’UMH-P protocolisée qu’hors protocole (77% vs. 29%, p<0,001 et 67% vs. 44% ; p=0,001, respectivement). La correction de la défaillance était plus fréquemment observée en cas d’UMH-P protocolisée qu’hors protocole (74% vs. 50%, p=0,022).
Conclusion
Aucune étude à ce jour n’avait comparé les interventions UMH-P réalisées sur protocole ou hors-protocole ni en cas de carence ou hors carence de SMUR. Cette étude suggère que les interventions UMH-P sur les 20 mois de l’étude ont été réalisées avec sécurité, avec un faible besoin de renfort médical. Une vigilance particulière doit cependant être apportée dès lors que les UMH-P sont déployées hors protocole ou en cas de carence de SMUR.
Auteurs
Solene CHAPUIS, Charly BOURGUIGNON, Corinne GÉLIN, Pascal INCAGNOLI, Patrick RAY, Alban CHANTEGRET, Cindy TISSIER - (1)Département De Médecine D'urgence, Dijon, France