17 septembre 2025
313-314

Que sont-ils devenus ?

Position du problème et objectif(s) de l’étude

La démographie des médecins anesthésistes-réanimateurs (MAR) en France est en tension, avec une pénurie de praticiens due à des choix politiques passés (numerus clausus, suppression du CES...). Malgré des réformes ayant amélioré les effectifs (12 035 en 2023), de nouveaux défis émergent : surcharge de travail, baisse de l’attractivité hospitalière et évolution des attentes professionnelles, essor du temps partiel et de l’intérim, nouvelles attentes en termes de qualité de vie... Cette étude sur six promotions de MAR vise à évaluer leur devenir à distance de la formation.

Matériel et méthodes

Cette étude observationnelle menée à l’automne 2024 visait à évaluer le rendement de la formation des MAR du Nord-Ouest (Amiens, Caen, Lille, Rouen) issus des promotions 2005-2010. L’objectif principal était d’analyser le temps de travail hebdomadaire et le nombre d’équivalents temps plein (ETP). Les objectifs secondaires incluaient l’évaluation du taux de reconversion, la satisfaction professionnelle, la comparaison des sexes et secteurs d’activités, l’évaluation de facteurs influençant le temps de travail ainsi que l’impact de ce temps sur la vie familiale, sociale et la qualité de vie globale. L’étude s’est basée sur des entretiens téléphoniques semi-structurés. L’analyse statistique a comparé divers groupes (temps plein/partiel, public/privé, hommes/femmes) à l’aide de tests adaptés.

Résultats & Discussion

En automne 2024, sur 291 MAR ciblés, 232 ont été inclus (80%). Deux sont décédés, douze ont changé de spécialité au cours de la formation ou à la fin de celle-ci sans exercer dans la discipline, quatre ont effectué une reconversion professionnelle ou arrêté d’exercer la discipline. Sur les 214 exerçant encore le métier de MAR, 5 personnes exercent à l’étranger. L’ETP moyen était de 0,87 par MAR, avec une majorité en anesthésie (73,8%), une part en réanimation (20,4%), en algologie (1,6%), en enseignement et recherche (1,2%), en SMUR et médecine préhospitalière (0,6%) et dans des activités diverses (2,3%). Le temps de travail moyen absolu était de 48,4h/semaine, mais de 52,5h pour les MAR exerçant encore dans la discipline. Cette valeur atteignait 55,5h pour les temps pleins (76,6% des MAR en activité) et 43,6 h pour les temps partiels (20,6% des MAR en activité). Les MAR exerçant dans le privé se déclaraient plus satisfaits sur le plan professionnel et de la qualité de vie globale que ceux du public. Les femmes s’estimaient moins épanouies professionnellement que les hommes et auraient moins tendance à refaire le choix de l’anesthésie-réanimation dans l’amphithéâtre de garnison si tout cela était à refaire. Un impact négatif du temps de travail sur la vie sociale et familiale était constaté au-delà de 51h de travail par semaine.

Conclusion

La majorité des MAR exerçait dans la région de formation, à temps plein et avec une bonne, voire très bonne, satisfaction professionnelle malgré la présence d’attentes professionnelles insatisfaites. Le rendement de la formation est élevé (98,5%), mais le temps de travail est conséquent. Une disparité entre sexes, secteurs et types d’établissements est observée, favorisant les hommes et le secteur privé. L’importante charge horaire mène à la présence de signes d’épuisement (32,1% des MAR). La nécessité d’une restructuration du temps de travail, d’un soutien psychologique et du respect des repos de sécurité est notable. Une analyse nationale et des études complémentaires sont suggérées.

Auteurs

Kossi AGBOLI (1), Cédric CIRENEI (2) - (1)Chru De Lille, France (2) Hôpital Claude Huriez du CHU de Lille, France

Orateur(s)

Kossi AGBOLI  (Lille)