17 septembre 2025
212-213

Du prélèvement à la culture du don

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Le prélèvement et la greffe d’organes sont des activités qui constituent « une priorité nationale ». L’épidémie de COVID a fragilisé ces activités avec une réduction notable du nombre de transplantations et une augmentation du taux d’opposition au don d’organes.  Les réflexions autour du taux d’opposition sont souvent orientées sur la recherche des raisons à cette opposition. Nous avons souhaité ouvrir le champ d’investigation et interroger la valeur centrale sur laquelle repose l’activité des coordinations : la culture du don.

Matériel et méthodes

Au cours d’une journée d'étude rassemblant les différentes coordinations d'une region un atelier coopératif a été proposé aux différentes coordinations, constituées d’IDE et de médecins de coordinations (30 personnes), avec deux questions centrales : 1. Qu’est-ce que vous évoque le don d’organes ? 2. Comment s’exerce la culture du don dans votre établissement ? L’animation de l’atelier, les échanges et leurs retranscriptions ont été réalisé par un médecin et un psychologue sur le modèle des entretiens semi directifs.

Résultats & Discussion

Question 1 Les coordinations évoquent le don d’organes autour de deux axes : opérationnel et informatif. D’un point de vue opérationnel, le don est là pour sauver des vies, il est considéré comme un acte de soins qui peut donner un sens à la mort.  La coordination se voit avec un rôle de passeur, constituant le cœur de leur métierl. L ’abord des proches est consideré comme une démarche structurée et technique. Des questions restent en suspens sur la place du don comme aidant le processus de deuil des proches. D’un point de vue informatif, est soulignée l’importance de sensibiliser au don dans chaque service hospitalier. La mission de travail de communication auprès du grand public n’est pas toujours reconnue au sein des établissements. Aussi, l’activité aléatoire et fluctuante du PMO renvoie parfois les soignants à des jugements : « Quand vous ne faites pas de PMO, que faites-vous ? ». Question 2 Certaines coordinations relatent qu’il existe encore une projection négative de leur métier associée à des termes comme vautours et corbeau.  Le vécu de ces propos reste difficile au quotidien. Il est relevé que le lien entre les greffes permises et le don d’organes n’est pas toujours visibilisé au sein des établissements et que l’activité de prélèvement peut manquer de consideration.   Enfin, il est souligné que la place accordée au don est souvent associée à l’investissement de certains médecins ou services et qu’une culture du don à l’échelle institutionnelle  favoriserait les missions des coordinations. Le groupe propose plusieurs axes de communication auprès des équipes et des instances comme sensibiliser le personnel soignant au travail pluridisciplinaire et transversal. Un autre axe d’amélioration de la culture du don serait de développer plus étroitement le travail avec les services de greffe. Ce résultat est biaisé par les fonctions de chacun :la coordination hospitalière, médecins, la prise et le temps de parole de chacun et les prises de notes.

Conclusion

Cet atelier collaboratif a mis en lumière la nécessité de réfléchir à la culture du don au sein des établissements et a permis plusieurs axes de réflexions. Il a été par ailleurs évoqué par l’Agence de Biomédecine que le terme de prélèvement soit remplacé par celui de don dans la dénomination des coordinations. Cette proposition mérite d’être considérée dans la perspective de déployer la culture du don.

Auteurs

Christelle ROSENSTRAUCH, Marie SAMYN, Anita MICHELLI, Guillaume STRECKER, Florence LALLEMENT - (1)Chu Lille, Lille, France

Orateur(s)