19 septembre 2025
313-314

Prévention des céphalées postponction durale après rachianesthésie pour césarienne : apport de l'ondansétron

Position du problème et objectif(s) de l’étude

La rachianesthésie (RA) est la technique anesthésique de choix pour les césariennes. Les céphalées post-ponction durale (PDHD) représentent une complication assez fréquente et contraignante de la RA. L’objectif de notre travail était d’étudier l’apport de l’ondansétron dans la prévention des PDHD après rachianesthésie pour césariennes.

Matériel et méthodes

Après accord du comité d'éthique local et consentement éclairé des patientes, nous avons mené une étude prospective, contrôlée, randomisée, en double aveugle, bi-centrique  dans deux services de maternité de troisième niveau incluant des patientes âgées de plus de 18 ans, à terme, programmées pour un accouchement par césarienne sous RA. Les patientes étaient randomisées en deux groupes : •          Groupe O (ondansétron) : ayant reçu l'ondansétron en intraveineux (IV) 0,10 mg/kg dilué dans 5 ml de sérum salé isotonique (SSI) à 0.9% pendant 1 minute, 5 minutes avant la RA. •          Groupe C (contrôle) : ayant reçu 5 ml de SSI à 0.9% en IV selon les mêmes modalités. Le critère de jugement principal était la fréquence de survenue des céphalées post-ponction durale durant les sept premiers jours post-opératoires.. Les critères de jugement secondaires étaient l’impact de l’ondansétron sur les caractéristiques des céphalées (délai d’apparition, délai de résolution, ainsi que la sévérité) et leur prise en charge, sur les nausées et/ou vomissements et sur l'état hémodynamique en per et post-opératoire. Les données ont été analysées à l'aide du logiciel SPSS 26.0.
Pour les tests statistiques, le niveau de signification a été fixé à 0,05.
L'étude a été enregistrée sur Clinical trials sous l'identifiant NCT06444737.

Résultats & Discussion

Au total, 281 parturientes ont été incluses (141 dans le groupe O versus 140 dans le groupe C). Les données épidémiologiques étaient comparables. Les patientes du groupe O ont présenté moins de PDHD (n= 20)(14,2%) que celles du groupe C (n= 39)(27,9%) (p=0,005) avec un OR = 0,396. Cette fréquence était comparable entre les 2 groupes en considérant chaque jour à part (figure 1). Le jour d’apparition (p=0,475), la durée (p=0,947) et la sévérité (p=0,233) des céphalées étaient similaires dans les deux groupes. La répartition des signes associés chez les patientes ayant présenté ces céphalées était comparable (tableau 1).

Tableau1: Comparaison des signes associés aux céphalées post ponction durale entre les 2 groupes.
Signes associés Groupe O (n=20) Groupe C (n=39) p
Flou visuel 3 (15%) 8 (21%) 0.734
photophobie 4 (20%) 12 (31%) 0.378
Acouphènes 6 (30%) 12 (31%) 0.952
Raideur de la nuque 7 (35%) 17 (46.3%) 0.585
Aucune patiente n’a nécessité une imagerie à cause des céphalées. Les traitements symptomatiques (hydratation (p=0,325), repos (p=0,518), caféine (p=0,525), antalgiques (p=0,406)) ont été utilisés de manière comparable. Aucun blood patch n’a été nécessaire. L'ondansétron a réduit les nausées et vomissements peropératoires (p<0,001), mais son effet n'était pas observé en post-opératoire immédiat (p=0,119) ni différé (p=0,173). Les paramètres hémodynamiques (fréquence cardiaque, pression artérielle moyenne), ainsi que l’usage de la noradrénaline et sa dose totale, étaient sans différence significative entre les deux groupes (p>0,05). La prise d’ondansétron s’est avérée être un facteur protecteur avec un OR à 0,39. Les patientes avaient 2,5 fois moins de risque de développer ces céphalées (figure2)

Conclusion

L’ondansétron a permis de réduire l’incidence des PDHD.

Auteurs

Amani BEN HAJ YOUSSEF (1), Mouna OUNIS (2), Rania MGHIRBI (1) , Rania CHERIF (1), Yasmine TRABELSI (1), Lamia KAMERGI (1), Mhamed Sami MEBAZAA (1) - (1)Hôpital Mongi Slim, La Marsa, Tunisie, (2)Hôpital Militaire Principale D'instruction De Tunis, Tunis, Tunisie

Orateur(s)

Rania MGHIRBI  (Tunis)