Intérêt de la mesure de l’eau extravasculaire pulmonaire dans le SDRA post-traumatique
Position du problème et objectif(s) de l’étude
Le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA) est une complication fréquente chez les patients polytraumatisés. Le SDRA post-traumatique est souvent associé à un œdème pulmonaire important, dont la prise en charge reste difficile. La mesure de l’eau extravasculaire pulmonaire (EVLW) par thermodilution transpulmonaire permet une évaluation quantitative, au lit du patient, de l’œdème pulmonaire. Son intérêt clinique dans la prise en charge ventilatoire et volémique des patients traumatisés reste à mieux définir. Objectif Évaluer l’impact du monitorage de l’EVLW sur la prise en charge et les résultats cliniques des patients présentant un SDRA post-traumatique.
Matériel et méthodes
Étude prospective observationnelle monocentrique réalisée en réanimation chirurgicale entre janvier 2024 et décembre 2024. Ont été inclus les patients adultes polytraumatisés développant un SDRA (critères de Berlin) dans les 72 premières heures. Tous les patients étaient monitorés par EV1000. Deux groupes ont été comparés : un groupe « EVLW » (prise de décision guidée par les mesures d’EVLW) et un groupe témoin. Les données recueillies comprenaient : caractéristiques démographiques, ISS, paramètres ventilatoires, bilan hydrique, index EVLW (mL/kg), rapport PaO₂/FiO₂, et critères de jugement (durée de ventilation mécanique, durée de séjour en réanimation, mortalité). L’analyse statistique a utilisé les tests de Student, Mann–Whitney et chi² (p < 0,05 significatif).
Résultats & Discussion
46 patients ont été inclus (groupe EVLW : n=24 ; groupe témoin : n=22). Les deux groupes étaient comparables en termes de caractéristiques initiales et de gravité (ISS moyen : 29 ± 6 vs 30 ± 5, p = 0,41). Le groupe EVLW présentait un bilan hydrique cumulé significativement plus bas à J3 (1,1 ± 0,8 L vs 2,4 ± 1,1 L, p < 0,001), et une amélioration plus rapide de l’oxygénation (rapport PaO₂/FiO₂ à J3 : 215 ± 48 vs 174 ± 52 mmHg, p = 0,002). La durée de ventilation mécanique était plus courte dans le groupe EVLW (7,2 ± 3,1 jours vs 10,6 ± 4,2 jours, p = 0,01), de même que le séjour en réanimation (10,3 ± 4,6 jours vs 15,2 ± 6,4 jours, p = 0,03). La mortalité en réanimation était plus faible dans le groupe EVLW (14 % vs 25 %, p = 0,28).
Conclusion
Chez les patients présentant un SDRA post-traumatique, le monitorage de l’EVLW est associé à une gestion hydrique optimisée, une amélioration de l’oxygénation et une réduction de la durée de ventilation mécanique et de séjour en réanimation. Une tendance à la baisse de la mortalité est également observée. Ces résultats suggèrent un bénéfice potentiel de l’EVLW dans l’optimisation de la prise en charge des patients traumatisés graves.
Auteurs
Lotfi REBAI, َIchraf ARDHAOUI, Sabrine BEN BRAHEM, Firas KALAI, Olfa FATEN, Sarra ZARROUK, Hend FAKHFAKH - (1)Centre De Traumatologie Et Des Grands Brulés, Ben Arous, Tunisie