18 septembre 2025
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Comparaison de l’efficacité des lames Macintosh de laryngoscope de taille 3 et 4 pour l’intubation orotrachéale au bloc opératoire.

Position du problème et objectif(s) de l’étude

A l’heure où la pratique de l’anesthésie est encadrée par de nombreuses recommandations, il n’en existe actuellement aucune sur le choix de la taille de la lame de laryngoscope pour une intubation programmée au bloc opératoire, hormis une préconisation de 2003 d’utiliser la lame 4 en cas de situation difficile. La majorité des études comparant les tailles de lames ont été menées en soins intensifs ou aux urgences, et non au bloc opératoire. Il semble alors pertinent d’approfondir ce sujet pour déterminer le choix optimal de la lame de laryngoscope au bloc opératoire. L’objectif principal est de mettre en évidence la supériorité d’une taille de lame sur le succès d’intubation chez l’adulte au bloc opératoire. Les pratiques des Infirmiers Anesthésistes (IADE) et Médecins Anesthésistes (MAR) concernant le choix de la taille de la lame de laryngoscope ont également été évaluées.

Matériel et méthodes

Nous avons réalisé une étude prospective sur mannequin haute-technologie SimMan® lors de deux journées au sein d’un bloc opératoire du CHU. 3 situations standardisées ont été définies (intubation facile, moyennement facile, difficile). Chaque participant a effectué 6 séquences d’intubation consécutives selon un ordre randomisé, alternant les 3 types de situation avec la lame 3 et 4. Les critères qui ont été évalués sont la réussite de l’intubation lors de la première laryngoscopie, la durée de l’intubation en secondes (définie entre le moment où la lame passe les incisives jusqu’au retrait du laryngoscope), le grade de Cormack annoncé par le praticien, et la pression exercée sur le larynx lors de la laryngoscopie (mesurée en mmHg par un capteur de pression relié à une poche de sérum physiologique glissé entre le larynx et la peau en silicone du mannequin). En complément, les participants ont rempli un questionnaire basé sur l’échelle de Likert.

Résultats & Discussion

Au total, nous avons inclus 41 participants (16 MAR et 25 IADE), ce qui a permis d’évaluer 246 séquences d’intubation. Plus de la moitié des participants (60,98%) ont déclaré préféré utiliser une lame 4 quelque soit le patient rencontré. Les durées d’intubation augmentent proportionnellement à la difficulté, et restent significativement plus courtes avec la lame 3 (30,5s en moyenne contre 34,7s avec la lame 4 ; p = 0,018). Les pressions trachéales exercées sont systématiquement plus élevées avec la lame 4, bien que la différence ne soit pas significative sur le plan statistique (p > 0,05). Le taux global de succès à la première tentative est de 95,93 %, sans différence significative entre les lames (p > 0,05). L’analyse des scores de Cormack révèle une proportion significativement plus élevée de grade 1 avec la lame 3 (69,9 % vs 55,3 % ; p = 0,018 ; OR = 1,89 ; IC95 % : 1,11–3,18), traduisant une meilleure exposition glottique.

Conclusion

Bien que les praticiens préfèrent utiliser une lame 4 dans la majorité des situations, l’utilisation de la lame Macintosh 3 sur mannequin haute-technologie est associée à une meilleure visibilité laryngée et à des durées d’intubation plus courtes, indépendamment du niveau de difficulté. Une étude chez des patients au bloc opératoire, permettrait de confirmer ces observations en conditions réelles, en évaluant les performances des deux lames sur des critères cliniques objectifs.

Auteurs

Gaëlle DESCLEVE, Caroline JOUVENOD, Arnaud LECADIEU, Glen LE GALLO, Arnaud WINER - (1)Chu Sud Réunion, Saint-Pierre, Réunion

Orateur(s)

Caroline JOUVENOD  (Saint-Pierre)