17 septembre 2025
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Montre connectée aux alarmes de haute priorité au bloc opératoire

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Au sein du bloc opératoire règne une pollution sonore liée aux bruits des dispositifs médicaux, des actes chirurgicaux ou liée à l'environnement. L'infirmier anesthésiste est particulièrement sollicité par les alarmes sonores de ces dispositifs médicaux. Ces sollicitations, bien qu'essentielles à la sécurité du patient, ne sont pas toujours détectées ou correctement identifiées [1]. Un outil semble manquer afin de permettre une surveillance optimale et sécuritaire du patient. Pour pallier ce manque, un prototype de montre connectée aux alarmes de haute priorité (MCAHP) a été conçu. Cette montre détecte les alarmes en temps réel, vibre lors de cette détection et affiche un pictogramme correspondant au type d'alarme. L'objectif principal de l'étude est d'évaluer le gain de temps d'identification des alarmes de haute priorité grâce à la MCAHP.

Matériel et méthodes

Une étude prospective, ouverte et expérimentale a été menée de juin 2024 à avril 2025. Trente étudiants infirmiers anesthésistes (EIA) ont été répartis en deux groupes : un groupe expérimental équipé de la MCAHP (N=16) et un groupe contrôle sans MCAHP (N=14). Les EIA ont été observés dans un environnement de simulation à travers un scénario standardisé qui consiste en un débranchement du ventilateur d'anesthésie lors d'une situation d'urgence de prise en charge d'un malaise d'un infirmière de bloc opératoire dans un environnement avec des décibels mesurés entre 74,4dB(A) et 91dB(A). Le temps de détection de l'alarme de haute priorité et le temps de débranchement ont été mesurés. Un débriefing et un questionnaire ont permis de recueillir les ressentis des participants quant à l'usage de la MCAHP.

Résultats & Discussion

Le groupe expérimental a présenté un temps médian de détection de l'alarme de 10 secondes contre 22,5 secondes pour le groupe contrôle (p=0,0004). Le groupe expérimental a présenté un temps médian de débranchement total de 34,5 secondes contre 49,5 secondes pour le groupe contrôle (p=0,0132). Sur le groupe expérimental, 87,5% d'EIA (N=14) ont perçu une amélioration de l'efficacité de détection des alarmes et de rebranchement grâce à la MCAHP. L'observation par les EIA a souligné un effet tunnel au cours de ce scénario stressant lié aux différentes situations d'urgence vécues simultanément lors de la simulation. Malgré le faible échantillon et le peu d'alarmes testées, l'effet tunnel semble trouver une solution grâce à la stimulation tactile vibratoire de la MCAHP. La MCAHP a pu également se présenter comme aide visuelle à l'identification du débranchement grâce au pictogramme dédié. Cependant, la MCAHP a pu induire un stress dans 12,5% (N=2) des cas. Ce stress peut être lié à l'introduction d'un nouvel outil ou à une sursollicitation sensorielle. Une évaluation longitudinale de l'usage de la MCAHP dans des conditions réelles serait nécessaire afin de préciser les résultats de cette étude.

Conclusion

Les chronométrages et comparaisons effectués présentent la MCAHP comme un dispositif améliorant le temps de détection des alarmes par les professionnels d'anesthésie. De plus, la MCAHP a su se montrer comme aide à l'identification du débranchement du ventilateur d'anesthésie. Les résultats de cette étude indiquent que la MCAHP pourrait être un outil efficace dans la surveillance et prise en charge des patients en anesthésie et également en service de réanimation.

Auteurs

Martin DOGUET (1), Marie-Sophie CHATAIN (2), Anais DA ROCHA (2), Aurélie GATTICO (2) , Nils MARIN (2), Côme SLOSSE (2), Hervé BOUAZIZ (2) - (1)Laboratoire Iadi, Nancy, France, (2)Chru, Nancy, France

Orateur(s)

Aurélie GATTICO  (Nancy)