17 septembre 2025
352 B

Usage du Nubain® en salle de surveillance post-interventionnelle pédiatrique : état des lieux des pratiques dans un centre hospitalo universitaire

Position du problème et objectif(s) de l’étude

La gestion de la douleur et de l’agitation en salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI) pédiatrique est un enjeu majeur. Face à un état d’agitation en SSPI, le diagnotic étiologique est souvent complexe et le choix d’une stratégie thérapeutique parfois difficile. La nalbuphine (Nubain®) est largement utilisée en SSPI pédiatrique pour la gestion de la douleur malgré ses effets indésirables (sédation, nausées vomissements post opératoire …). L’objectif de cette enquête était d’évaluer les pratiques professionnelles relatives à la gestion de la douleur et de l’agitation ainsi que l’usage du Nubain® en SSPI pédiatrique.

Matériel et méthodes

Dans le cadre de notre stage « recherche/douleur » d'étudiants infirmiers anesthésistes, nous avons réalisé une enquête de pratique professionnelle. La population cible était définie par les IDE et IADE formés à une activité en SSPI pédiatrique d’un centre hospitalo-universitaire français. Tous les participants ont été soumis à un même questionnaire de type « entretiens directifs normalisés ». Les données collectées incluaient les modalités d’évaluation de la douleur et de l’agitation postopératoires par les soignants de SSPI pédiatrique. De plus, les modalité d’administration du Nubain® et les critères conduisant à son utilisation ont été recherchés. Les données quantitatives et qualitatives recueillies ont été analysées à l’aide d’un tableur informatisé standardisé.

Résultats & Discussion

Au total, 22 entretiens ont été réalisés chez 21 IADE et 1 IDE formés à la SSPI pédiatrique. Concernant l’évaluation de la douleur, 45% (10/22) des soignants s’appuyaient sur leur propre appréciation clinique, 10% (2/22) se référaient aux parents et 45% (10/22) déclaraient utiliser le score Face, Legs, Activity, Cry, Consolability (FLACC) ou l’Echelle Verbale Numérique (EVN). L’utilisation des scores et échelles était justifiée dans 50% des cas (5/10) pour la validité reconnue de ces outils, dans 20% (2/10) pour leur fiabilité, et dans 30% (3/10) par une habitude de service. Concernant l’évaluation de l’agitation post opératoire, 72% des soignants (16/22) déclaraient se baser sur leur jugement clinique, tandis que 10% (2/22) utilisaient le score Pediatric Anesthesia Emergence Delirium (PAED). Concernant l’utilisation  du Nubain®, le seuil des échelles de douleur justifiant l’administration d’un traitement de secours variait de 1 à 6 selon les répondants. Concernant la dose, 78% des soignants (17/22) administraient en première intention 0,1 mg/kg de Nubain®. Cette posologie était choisie dans 23 % des cas (4/17) par crainte des effets indésirables, et dans 36% des cas (6/17) par transmission des habitudes de service. Les 22% de soignants restants (5/22) administraient une dose de 0,2 mg/kg d’emblée. Enfin, en cas d’agitation en SSPI pédiatrique, plus de la moitié des soignants interrogés déclaraient avoir recours à un traitement médicamenteux, dont 12 % de la nalbuphine en première intention (Figure).

Conclusion

Cette enquête met en évidence une grande hétérogénéité des pratiques dans la gestion de la douleur et de l’agitation en SSPI pédiatrique. Une réflexion collective est nécessaire pour harmoniser les pratiques via l’élaboration de protocole sur l’utilisation systématique des échelles validées pour évaluer la douleur et l’ agitation chez l’enfant opéré et sur l’utilisation du Nubain® en SSPI. Malgré le nombre restreint d’entretiens, cette étude offre des pistes intéressantes à de futures recherches sur le sujet.

Auteurs

Pierre GARRÉ (1) , Elsa DOMINICI (1), Arthur LE BOUCHER (1), Stéphanie LEVERS (1), Hélène VERDEIL (2), Aurore PONS (1), Julien PICO (3), Chrystelle SOLA (3) - (1)École Infirmiers Anesthésistes, Montpellier, France, (2)Chru Lapeyronie, Montpellier, France, (3)Service D'anesthésie Pédiatrique Chru Lapeyronie., Montpellier, France

Orateur(s)

Pierre GARRÉ  (Montpellier)