17 septembre 2025
352 B

Résilience et stress aigu : une étude prospective en simulation chez les professionnels de l’anesthésie

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Les environnements critiques en anesthésie exposent les soignants à un stress aigu susceptible d’altérer leur performance et leur bien-être psychologique. La résilience, définie comme la capacité à surmonter l’adversité, pourrait constituer un facteur de protection face à ces situations. Cette étude a pour objectif d’explorer le lien entre le niveau de résilience des professionnels de l’anesthésie et leur réponse au stress lors d’une situation critique simulée.

Matériel et méthodes

Il s’agit d’une étude observationnelle prospective monocentrique conduite entre juillet et septembre 2021. Trente-quatre participants volontaires ont été inclus : médecins anesthésistes (seniors et internes), infirmiers anesthésistes (diplômés et étudiants). Tous ont participé à une simulation haute-fidélité reproduisant un laryngospasme pédiatrique avec désaturation rapide. La résilience a été évaluée cinq jours avant la simulation (J-5) par l’échelle validée Connor-Davidson Resilience Scale (CD-RISC 10), dont le score varie de 0 à 40. Un score ≤ 26 peut être considéré comme indicateur d’un risque psychosocial plus élevé. Le stress chronique a été mesuré à J-5 à l’aide de la version française validée du Perceived Stress Scale (PSS-10), échelle de 10 items notés de 0 à 4 (score total de 0 à 40). Le stress physiologique a été mesuré pendant la simulation par la variabilité de la fréquence cardiaque (SDNN) à l’aide d’un cardiofréquencemètre (Polar H10) et du logiciel Cardiomood®. Les enregistrements SDNN ont été réalisés à six temps distincts : repos (J-5: SDNN B), arrivée le jour J (SDNN PBRI), début de simulation (SDNN DSIM), crise laryngospasme (SDNN LAR), débriefing (SDNN DBRI), post-débriefing (SDNN PBRI). Le stress aigu perçu a été évalué par une échelle visuelle analogique (EVA de stress, 0–10 cm), administrée aux mêmes temps hors simulation. Les participants étaient regroupés par binôme (médecin + IADE ou interne + étudiant IADE), dans des équipes sans connaissance préalable du scénario. Le scénario a été standardisé selon les recommandations de la SOFRASIMS. L’étude a reçu un avis favorable du comité d’éthique de la SFAR (IRB 00010254 - 2021 - 097) et a été préenregistrée sur ClinicalTrials.gov (NCT05073445).

Résultats & Discussion

Le score médian de résilience était de 29 [27–32], avec des scores allant de 18 à 34. Aucun lien significatif n’a été retrouvé entre la résilience et la réponse physiologique au stress (corrélation entre CDRISC-10 et SDNN lors de la crise : rho = -0,29 ; p = 0,085), ni avec le stress perçu en phase aiguë (EVA stress : p = 0,621) La variabilité de la fréquence cardiaque (SDNN) mesurée au repos (SDNN B), à l'arrivée (SDNN PBRI), lors du briefing (SDNN DSIM), au début de la simulation (SDNN LAR), lors du laryngospasme (SDNN DBRI), au débriefing (SDNN DBRI) et en post-débriefing (SDNN PBRI) est présentée en Figure 1. Chaque boîte représente la médiane, les quartiles et les valeurs extrêmes. Aucune association n’a été observée entre les scores de résilience, l’âge ou l’ancienneté professionnelle.

Conclusion

Le niveau de résilience ne semble pas prédire la réponse immédiate au stress aigu en simulation. L’évaluation de la résilience pourrait ainsi constituer un outil complémentaire pour identifier les professionnels à risque de troubles psychosociaux, en complément des mesures de stress en situation critique.

Auteurs

Yoann ZAFIRIOU (1) , Jean-Noël EVAIN (2), Barthelemy BERTRAND (2), Guillaume ARCHER (1), Joris BOTTON (1), Julien CROZET (1), Ismaël KHEDIRI (1), Mathieu LEFEVRE (1), Camille MARCEL (1), Charline SERY (1), Anne EGO (3), Pierre ALBALADEJO (2), Julien PICARD (2) - (1)Ecole Iade Chu Grenoble Alpes, Grenoble, France, (2)Cesar Chu Grenoble Alpes, Grenoble, France, (3)Chu Grenoble Alpes, Grenoble, France

Orateur(s)

Yoann ZAFIRIOU  (Grenoble)