17 septembre 2025
352 B

L’hypotension post-induction du patient hypertendu chronique : analyse des pratiques IADE

Position du problème et objectif(s) de l’étude

L’hypotension post-induction est une complication fréquente en anesthésie générale, en particulier chez les patients hypertendus chroniques. Cette étude vise à analyser les pratiques des infirmiers anesthésistes diplômés d’État (IADE) en matière de gestion hémodynamique chez ces patients, au regard des récentes recommandations de la SFAR sur l’optimisation hémodynamique.

Matériel et méthodes

Une enquête quantitative descriptive multicentrique a été menée auprès d’IADE exerçant dans 11 centres hospitaliers publics et privés. Un questionnaire a été conçu afin de comparer la prise en charge de deux cas cliniques : le premier concerne un patient hypertendu devant subir une chirurgie à risque faible, et le second, porteur de plusieurs comorbidités, une chirurgie à risque élevé. Les objectifs de surveillance hémodynamique et les moyens de monitorage utilisés par les IADE ont été évalués. Pour déterminer les actions correctrices les plus utilisées pour traiter l’hypotension, une somme pondérée des deux cas cliniques a été calculé en attribuant des points par niveau d’intention : 1ʳᵉ intention = 3 points, 2ᵉ intention = 2 points, 3ᵉ intention = 1 point.

Résultats & Discussion

Parmi les 158 IADE répondants sur les 352 sollicités (taux de réponse de 48,2 %), 136 (85 %) utilisent la pression artérielle moyenne (PAM) comme objectif de surveillance. Les cibles de PAM variaient de 75 ± 9 mmHg pour le premier cas à 80 ± 11 mmHg pour le second. L’étude révèle que 88 % des IADE titrent les agents anesthésiques (dont plus de 70 % sont guidés par le BIS) et que 70 % débutent la noradrénaline avant l’induction pour le premier cas, proportions qui augmentent respectivement à 94 % et 99 % pour le second cas. La somme pondérée des actions correctrices montre que la noradrénaline est l’action de premier choix (697 points). Le remplissage n’arrive qu’en quatrième position (252 points), après la mise en Trendelenburg (346 points) et l’allègement de l’anesthésie (346 points). L’éphédrine (241 points) est en cinquième position, tandis que la phényléphrine (6 points) est très peu utilisée. Conformément aux recommandations de la SFAR, le monitorage hémodynamique est peu mis en place dans le premier cas (< 8 %). Pour le second cas, l’analyse du contour de l’onde de pouls est la technique la plus utilisée (53 %), suivie du Doppler œsophagien (25 %). L’utilisation de la thermodilution reste marginale (3 %). Malgré la recense du monitorage du volume d’éjection systolique non invasif, 35 % des IADE déclarent souhaiter le mettre en place.

Conclusion

Les résultats montrent que les IADE respectent les recommandations de 2024 concernant les cibles de pression artérielle et accordent une attention particulière à la prévention de l’hypotension post-induction. Ils révèlent également une utilisation précoce de la noradrénaline, associée à un probable recul du recours au remplissage vasculaire. Grâce à de nouveaux outils de monitorage non invasifs et à leur mise en œuvre plus aisée, le guidage du remplissage pourrait être davantage aligné sur les recommandations, afin de limiter les risques de complications postopératoires.

Auteurs

Olivier AYME (1) , Anaïs CAILLARD (2), Jean-Jacques ROMUALD (3) - (1)Eiade Ifps, Brest, France, (2)Mar,hôpital De La Cavale Blanche, Université Bretagne Occidentale, Brest, France, (3)Formateur Eiade Ifps, Brest, France

Orateur(s)

Olivier AYME  (Brest)