17 septembre 2025
352 B

Derrière le silence : la douleur des soignants face aux erreurs médicales

Position du problème et objectif(s) de l’étude

Les événements indésirables associés aux soins (EIAS) représentent une problématique majeure dans le domaine de la santé. Au-delà des conséquences parfois dramatiques pour les patients, ces incidents ont également des répercussions significatives sur les professionnels de santé. Ce phénomène, encore insuffisamment reconnu, peut avoir des conséquences : troubles psychologiques, altération de la pratique, perte de confiance en soi voire arrêt de l’activité professionnelle. Cette revue de la littérature vise à comprendre l'impact psychologique et professionnel de ces incidents sur les IADE et à évaluer les stratégies de soutien disponibles pour les aider à surmonter ces défis.

Matériel et méthodes

Pour répondre à cette problématique, une revue de la littérature a été conduite selon l’Evidence-Based Practice (EBP). La sélection des articles s’est appuyée sur plusieurs critères : articles publiés à partir de 2016 ; études abordant les conséquences psychologiques et professionnelles des EIAS sur les soignants ; travaux portant sur les dispositifs ou programmes de soutien mis en place au sein des établissements de santé.

Résultats & Discussion

Les résultats confirment l’existence d’un impact psychologique important des EIAS sur les soignants. D’un point de vue psychologique, les secondes victimes peuvent souffrir de symptômes variés tels que les troubles du sommeil ; l’anxiété généralisée tant personnelle que professionnelle ; la culpabilité persistante, avec parfois la remise en question de leur légitimité ; la baisse de confiance en soi, pouvant affecter la qualité et la sécurité des soins ultérieurs. Ces effets sont souvent aggravés par le manque de reconnaissance institutionnelle, l'absence de dispositifs de soutien et une culture hospitalière encore marquée par le blâme, où l’erreur est souvent perçue comme un échec individuel. Face à ces constats, plusieurs dispositifs de soutien ont émergé comme des réponses pertinentes mais encore insuffisamment mises en œuvre : les programmes de soutien par les pairs, les sessions de débriefing, ainsi que groupes de soutien. Les structures disposant de ces dispositifs d’écoute interne permettent une prise en charge plus approfondie du traumatisme vécu. Enfin, un point central ressort de manière unanime : l’importance de promouvoir une culture de non-culpabilité. Cela améliore non seulement le bien-être des professionnels, mais également la sécurité globale des patients.

Conclusion

L’analyse de la littérature met en évidence l’impact profond et durable des EIAS sur les professionnels de santé, dont les IADE font partie. Ces événements peuvent provoquer un véritable traumatisme, affectant à la fois l’équilibre psychologique et la pratique clinique des soignants concernés. Malgré une reconnaissance croissante de ce phénomène, les dispositifs de soutien restent encore trop peu développés ou insuffisamment intégrés dans les protocoles institutionnels. Pour répondre à cet enjeu, il est impératif que les établissements de santé adoptent une stratégie globale. La section « propositions » offre des pistes concrètes et applicables au sein des hôpitaux, invitant à une réflexion approfondie sur les moyens de renforcer ce soutien en intégrant durablement la notion de seconde victime dans les politiques de gestion des risques. Cette démarche, en plus de préserver la santé mentale des professionnels, constitue un levier essentiel pour améliorer la qualité et la sécurité des soins.

Auteurs

Laura MARINONI - (1)La Timone, Marseille, France

Orateur(s)

Laura MARINONI  (Marseille)