19 septembre 2025
Arlequin

Évaluation des pratiques professionnelles : efficacité́ de l’analgésie péridurale obstétricale en fin de travail à la maternité de type III

Position du problème et objectif(s) de l’étude

La dernière enquête nationale de périnatalité1a mis en évidence qu’un tiers des femmes accouchant par voie basse souffre de douleurs fortes à insupportables lors de l’expulsion fœtale, malgré une analgésie péri-médullaire (APM). Face à ce constat, l’objectif de ce travail était d’évaluer l’efficacité du protocole d’analgésie péridurale d’une maternité de type III au moment de l’extraction fœtale et de rechercher des facteurs de risques d’insuffisance d’analgésie en fin de travail.

Matériel et méthodes

Il s’agit d’une étude monocentrique, observationnelle, prospective. Le numéro d’enregistrement auprès du CERAR de cette recherche est le IRB 00010254 ‐ 2024 – 078. Durant le mois de septembre 2024, toutes les femmes accouchant par voie basse avec une APM étaient incluses. Les femmes accouchant par césarienne ou admises en salle de naissance pour mort fœtale in utero ou interruption médicale de grossesse n’étaient pas incluses. En cas de donnée manquante sur la variable « douleur à l’expulsion », les patientes étaient exclues. L’entretien de l’APM était assuré par une solution de ropivacaïne 1mg/ml et sufentanil 0,25μg/ml, administré en mode programmed intermittent epidural bolus (PIEB) avec un bolus de 8ml de solution toutes les 60minutes, associé à des boli de 8ml, contrôlés par la patiente (patient controlled epidural analgesia (PCEA)). La douleur à l’expulsion était définie grâce une échelle numérique simple (ENS), recueillie par interrogatoire directement auprès des femmes à J2 post-partum. L’analyse a consisté au calcul de la fréquence des femmes avec une douleur ≥ 7/10 à l’expulsion fœtale, la comparaison des populations selon le niveau de douleur (ENS [0-3], [4-6], [7-10]) et l’exploration des facteurs de risques de douleur par régression logistique univariée en comparant les femmes douloureuses (ENS [4-10]) à celles sans douleur (ENS [0-3]).

Résultats & Discussion

Parmi les 216 femmes incluses, 76% ont présenté des douleurs entre 0 et 3 sur ENS, 13,4% des douleurs modérées (ENS entre 4 et 6) et 10,6% des douleurs sévères (≥ 7/10). Les facteurs de risques associés à une douleur à l’extraction fœtale étaient la durée d’APM < 2 heures (OR brut 2,08 IC95%[1,61-2,68]) ou > 10 heures (OR brut 1,15 IC95%[1,02-1,30]), le délai entre la réalisation de l’APM et l’accouchement < 2heures (OR brut 1,47 IC95%[1,17-1,85]), la réalisation de l’APM après 5 cm de dilatation cervicale (OR brut 1,21 IC95%[1,05-1,40]), de même qu’une douleur sévère pendant le travail (OR brut1,71 IC95%[1,27-2,30]). Enfin, la présence de l’anesthésiste à l’accouchement était un facteur de risque de douleur à l’expulsion fœtale, après ajustement sur les accouchements gémellaire et par le siège (OR ajusté 1,24 IC95%[1,03-1,49]). La charge de travail n’était pas un facteur de risque de douleur à l’expulsion fœtale dans notre cohorte. Enfin, 89,8% des patientes étaient satisfaites de leur accouchement.

Conclusion

De nombreux facteurs liés aux caractéristiques de l’analgésie péri-médullaire augmentent le risque de douleurs à l’extraction fœtale. Maintenir une analgésie péri-médullaire de qualité représente donc un enjeu pour la pratique de l’anesthésie-réanimation en obstétrique pour améliorer la prise en charge des femmes qui accouchent voie basse.

Auteurs

Sofia BENARBIA (1) , Mégane RAINEAU (1), Catherine FISCHER (1), Camille LE RAY (1), Marie-Pierre BONNET (2) - (1)Hôpital Port Royal Cochin, Paris, France, (2)Hôpital Armand Trousseau, Paris, France

Orateur(s)

Sofia BENARBIA  (Paris)