Incidence, facteurs de risque et complications associées à la médiastinite postopératoire après thromboendartériectomie artérielle pulmonaire : étude monocentrique observationnelle rétrospective
Position du problème et objectif(s) de l’étude
La médiastinite postopératoire (MP) est une complication majeure en chirurgie cardiaque, avec des facteurs de risques bien identifiés (1). Dans le cadre des thromboendartériectomie des artères pulmonaires (TEAP) réalisées dans le traitement de l’hypertension artérielle pulmonaire (HTP), il n’existe à notre connaissance aucune données sur l’incidence, les facteurs de risques et la morbi-mortalité associée aux MP. Cette chirurgie est potentiellement à risque accru de MP car elle associe une hypothermie profonde à 18°C, une circulation extracorporelle (CEC) longue et un ou plusieurs arrêts circulatoires chez des patients souffrant d’hypertension pulmonaire chronique. L’objectif de cette étude monocentrique est de déterminer l’incidence des MP, des facteurs de risque et des complications associées.
Matériel et méthodes
Étude observationnelle monocentrique rétrospective incluant les patients ayant bénéficié d’une TEAP dans le cadre d’une HTP ou d’une exérèse d’un sarcome des artères pulmonaires entre juin 2014 et décembre 2022. La survenue de MP, comme le reste des données, a été recueillie après analyse des dossiers médicaux. Les variables quantitatives ont été analysées par test de Wilcoxon et celles qualitatives par un test de Fisher, suivi d’une régression logistique multivariée.
Résultats & Discussion
Sur les 889 patients (421 femmes, 468 hommes, âge médian de 62 ans) inclus, 32 ont présenté une MP (3,6%). Les principaux facteurs de risque associés à la survenue d’une MP après ajustement étaient un antécédent de cardiopathie stentée (16% vs. 4%, p=0,01 ; OR 3,7 [1,1-10,4], p=0.02), un traitement par vasodilatateur pulmonaire pré opératoire (47% vs. 26%, p=0,02 ; OR 2.3 [1,1-4,8], p=0.03), des pontages coronaires dans le même temps opératoire que la TEAP (16% vs. 4%, p=0,02 ; OR 4.9 [1,6-12,9], p<0,01), la persistance d’une HTAP post opératoire (28% vs. 9%, p<0.01 ; OR 2,72[1,02-6,64], p=0,03) et l’implantation d’une ECMO (VA ou VV) dans les suites de l’intervention (34% vs. 8%, p<0.01 ; OR 5 [2-12], p<0,01). La survenue d’une MP était associée, après ajustement, à une augmentation de la durée de séjour en réanimation (20 [6-46] vs. 5 [4-10] jours, p<0,01) et d’hospitalisation (38 [25-60] vs. 16 [12-23] jours, p<0,01), ainsi qu’à une augmentation de la mortalité en réanimation (22% vs. 5%, p<0,01 ; OR 4,7 [1,6-12,7], p<0,01).
Conclusion
Bien que rare, la survenue d’une MP est associée à une morbi-mortalité post opératoire plus importante. Certains facteurs bien identifiables et parfois évitables sont associés à un risque accru de MP.
Auteurs
Guichen JIN (1) , Thibaut GENTY (2), Elie FADEL (3), Avit GUIRIMAND (1), Iolanda ION (1), François STEPHAN (2), Sylvain DIOP (4) - (1)Anesthésie Et Médecine Péri-Opératoire, Hôpital Marie Lannelongue, Le Plessis Robinson, France, (2)Réanimation Cardiothoracique Adulte, Hôpital Marie Lannelongue, Le Plessis Robinson, France, (3)Chirurgie Thoracique Vasculaire Et Transplantation Cardiopulmonaire, Hôpital Marie Lannelongue, Le Plessis Robinson, France, (4)Anesthésie Et Réanimation Cardiothoracique Adulte, Hôpital Marie Lannelongue, Le Plessis Robinson, France